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Expositions
Unemodernitépour une sociéténouvelle
Par Pascale Lismonde
De Chagall à Malévitch, la révolution des avant-gardes
Grimaldi Forum, Monaco. Du 12 juillet au 6 septembre 2015
Commissariat : Jean-Louis Prat
L’avant-garde russe
Évènement-phare de l’année, de la Russie à Monaco, l’exposition
De Chagall
à Malévitch, la révolution des avant-gardes
, que Jean-Louis Prat présente au
Forum Grimaldi, égraine œuvre après œuvre la révolution esthétique majeure née
dans l’écroulement final de l’Empire russe. 200 œuvres et documents d’époque
(1905-1930), prêtés par les plus grands musées russes et européens, permettent
de rentrer de plain-pied dans le mouvement de l’histoire.
En janvier 1905, à Saint-Pétersbourg, l’ar-
mée écrase une marche de revendications
ouvrières. Ce «dimanche rouge» sonne le
glas de l’Empire russe : la révolte contre le
pouvoir tsariste a gagné toutes les classes
sociales. De répressions en temporisations,
les coups de boutoir contre l’absolutisme
aboutissent en 1917 à l’abdication du tsar
et à la révolution d’Octobre : la république
socialiste soviétique est créée, soit le tout
premier régime communiste.
Les artistes russes participent pleine-
ment à cette mutation radicale, car les
nouvelles générations ne sont plus issues
d’une classe privilégiée, comme Tolstoï le
pressentait, mais de toutes les couches de
la population. Là aussi, il faut trouver du
nouveau, secouer l’académisme ! Et dans
les capitales européennes en pleine effer-
vescence, des langages esthétiques nova-
teurs se font jour. Le choc éprouvé devant
une
Meule
de Monet exposée à Moscou
pousse Kandinsky à devenir peintre. Il part
pour Munich, se lie avec Jawlensky et Klee,
séjourne à Sèvres, puis revient à Murnau
pour composer des toiles expression-
nistes. À Paris, dès 1905, les artistes russes
découvrent la révolution fauve de Matisse,
Derain, Vlaminck et Marquet, et ce pouvoir
nouveau donné à la couleur dans l’expres-
sion de la réalité. En 1907, c’est le choc de
la grande rétrospective Cézanne, puis de
la décomposition cubiste des volumes par
Picasso et Braque. Baranov-Rossiné se
lie avec les Delaunay, et les femmes, dont
le rôle est de premier plan dans l’avant-
garde russe, travaillent en ateliers, Liouba
Popova ou Nadiejda Oudaltsova chez
Metzinger et Segonzac, Alexandra Exter
chez Léger. Chagall s’installe à la Ruche
en 1911 et rencontre Cendrars, Apollinaire
et la galaxie artistique d’alors. Et il nourrit
son style poétique de certaines inventions.
Ces révolutions picturales occidentales
sont relayées à Moscou par les industriels
Sergueï Chtchoukine et Ivan Morozov, qui
exposent leurs extraordinaires collections
au sein d’hôtels particuliers. En 1911,
Chtchoukine fait même venir Matisse en
personne pour
La Danse
et
La Musique
:
leurs à-plats de couleurs vives et pures et
la légèreté des personnages dans l’espace
font grand effet. De même, après son pro-
vocateur
Manifeste du futurisme
diffusé à
