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numéro 27
janvier 2009
Cher Pascal, quand tu m’as proposé de t’envoyer un
dessin pour le publier dans
(Art Absolument)
, j’étais
très heureuse de ta confiance et me suis mise immé-
diatement à chercher celui qui serait le plus appro-
prié. Mais plus je cherchais dans mes cartons, plus
tous me semblaient mauvais, sans exception… Tu étais
parti pour un mois, j’avais donc un mois pour en réus-
sir au moins un… Chaque jour, le même processus se
répétait ; après plusieurs heures passées à l’atelier,
croyant en avoir enfin réussi un, je te l’envoyais immé-
diatement. Mais, dès que le petit bruit de fusée de mon
ordinateur me signalait qu’il t’était parvenu, je ne voyais
plus sur mon écran qu’un amas de coups de crayon et
de gomme sans vie. Persuadée qu’à ton retour tu me
demanderais poliment de cesser mes bombardements
de mails. J’ai été très étonnée quand tu m‘as rappelée
pour me dire que finalement tu voulais me consacrer
plus de pages et qu’il fallait maintenant que je songe
aussi à écrire un texte…
Me mettre en première ligne et affronter la page
blanche, comme ça, pour dire l’essentiel de ce qui me
constitue… J’ai bien tenté de m’éclipser, de te proposer
de demander à quelqu’un d’autre ou bien que toi, tu
me poses au moins quelques questions… Les seuls
termes que tu as fini par me proposer sont : dessins,
sculptures/corps, cortex/infini, unité/multiplicité.
De toutes ces notions savantes, je suis plutôt submergée
par celle du doute…Le doute de la qualité demon travail,
bien sûr, mais le doute aussi que je puisse trouver des
mots capables d’en parler sans en réduire le sens.
Passé toutes ces tergiversations, je vais tout de même
tenter la chose même si je risque de m’éloigner de tes
propositions.
J’ai l’impression que depuis toujours, je cherche à
parler de nous, de l’humain, de la vie.
Qu’il s’agisse de mon travail de dessin, de sculpture
ou d’écriture, je cherche à fixer cet instant si particu-
lier qu’il nous arrive de vivre parfois où, tout à coup, le
temps semble suspendu et où l’on prend conscience, de
manière presque brutale, de cette évidence tellement
sidérante que dans cet instant présent nous sommes
vivants alors que plus tard nous ne le serons plus.
C’est aussi ces “instants de vie” que je recherche
quand le plâtre, le pastel ou les mots s’installent
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Artiste contemporaine
Lettre de Mâkhi Xenakis
Ci-dessus :
Petite bonne femme.
1989, pointe sèche.
À droite, et deux pages suivantes :
Sans titre.
2008, suite de 3 pastels noirs
sur papier Canson, 110 x 75 cm chaque.
>
Durant l’année 2009 :
La Pompadour
, édition en porcelaine,
manufacture de Sèvres
Expositions personnelles :
Galerie Pièce unique, Paris.
Art Athina
, galerie Tina Kambani, Athènes.
Galerie Annie Lagier, L’Îsle-sur-la-Sorgue.
Espace Sainte-Catherine, Rodez.
ACTU
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