Revue Art Absolument n°92 - Mars/Avril 2020 - Aperçu - page 18

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TOMLAURENT
Pourquoi avez-vous accepté cettepro-
position de créer un parcours au sein d’Art Paris?
GAËL CHARBAU
Le programme d’invitation mis en
place depuis deux ans – avec François Piron en
2018 et Camille Morineau avec AWARE l’année
dernière – m’intéresse comme lecture venant de
l’extérieur sur une foire. C’est ce que m’a égale-
ment proposé Guillaume Piens, le directeur artis-
tique d’Art Paris, en lien pour ma part avec une
jeune scène française, et évidemment à partir
des galeries participant à la foire. Mais dans cer-
taines de ces galeries, j’ai pu retrouver des artistes
que j’ai accompagnés dès leurs débuts et parfois
avec lesquels je travaille actuellement. C’est
le cas d’Henni Alftan, du duo Elsa & Johanna,
d’Abdelkader Benchamma ou d’Edgar Sarin – ces
deux derniers ont participé à la Nuit Blanche
2018 dont j’étais le directeur. À vrai dire, la seule
que je ne connaissais pas du tout est Caroline Le
Méhauté, dont le travail est une découverte pour
moi. Si une foire n’est pas d’emblée l’endroit où
je suis le plus à l’aise pour m’exprimer, puisque
c’est avant tout un événement commercial, la
proposition m’a parlé car il s’agit d’établir un
À ART PARIS,
RÉCITS ET MATIÈRES
DANS LA SCÈNE FRANÇAISE
parcours avec des questions qui me traversent.
Je l’ai intitulé
Histoires communes et peu communes
pour montrer notre appartenance à une même
histoire, certes, mais qui n’est faite que de sin-
gularités additionnées. J’entends vraiment le
récit dans le sens d’une narration, c’est-à-dire
qu’une œuvre peut concentrer, comprimer du
récit sans pour autant raconter ou s’inscrire
dans une histoire qui soit politique ou sociale.
Cette profondeur, on la retrouve chez des artistes
aussi différents que Roland Flexner, Edgar Sarin
ou Anita Molinero, par exemple, dont le travail
de la matière est ancré dans le contemporain et
dépasse en même temps notre époque par sa
tension, d’ordre primitif. Jennyfer Grassi tra-
Entretien avec
Gaël Charbau
Pour Guillaume Piens, directeur artistique d’Art Paris
depuis 2012, une foire ne vit que si elle se renouvelle. Au
titre de cet « oxygène nécessaire », le sillon tracé année
après année en direction des scènes russes, coréennes
ou africaines, et cette année issues de la péninsule
ibérique, mais également une volonté de donner à voir
des œuvres dont les auteurs travaillent en France. Dans
cette visée, Gaël Charbau, connu comme soutien critique
et curatorial de la scène émergente hexagonale, a été
invité à penser un parcours où sa subjectivité rencontre
le travail d’une vingtaine d’artistes représentés par
les galeries présentes à cette 22
e
édition de la foire.
Art Paris
Grand Palais, Paris
Du 2 au 5 avril 2020
Jennyfer Grassi.
Les Intérieurs.
2019, huile sur toile, 70 x 45 cm.
Courtesy galerie Eva Hober, Paris.
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