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Expositions
Wifredo Lam
Centre Pompidou, Paris. Du 30 septembre 2015 au 15 février 2016
Commissariat : Catherine David
Par Dominique Brebion
le«frai frissonnant
des formes qui se libèrent»
En plus de 400 œuvres, traversant toutes les périodes, un ample panorama retrace
la trajectoire originale de Wifredo Lam (1902-1982) et apporte un nouvel éclairage
sur les œuvres capitales du retour au pays natal, plus de trente années après
celui du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 1983, alors que l’artiste avait
disparu un an auparavant. Le parcours chronologique de l’exposition scande cinq
étapes de création, toutes en relation avec les résidences successives et les
voyages de l’artiste.
Avant le retour au pays natal, Cuba, en
1942, Madrid, Paris, Marseille puis Fort-
de-France sont les étapes essentielles du
parcours de Wifredo Lam. En Espagne, de
1923 à 1938, c’est le difficile apprentissage
et l’affranchissement progressif de la pra-
tique académique du jeune étudiant puis
ce sont deux années, entre 1938 et 1941,
marquées par la fréquentation des avant-
gardes parisiennes alors imprégnées de
l’influence des arts africains. Contraint
à un nouvel exode vers Marseille, Lam,
pour tromper l’attente du bateau qui le
ramènera vers les Amériques, participe à
des jeux collectifs surréalistes, cadavres
exquis et pratiques automatiques. Sur
la route des Amériques, Lam et Breton
rencontrent Aimé Césaire en Martinique
où ils séjournent quarante jours, puis
Lam retrouve enfin sa terre natale. C’est
alors que s’épanouit le style si reconnais-
sable de sa maturité d’artiste. Les deux
dernières phases – Paris, Caracas, La
Havane, Albissola, Zurich (1952-1961) et
Paris-Albissola (1962-1982) – sont ponc-
tuées par de multiples voyages et l’expé-
rimentation de nouveaux matériaux et
orientations plastiques.
Au Centre Pompidou, la seconde section
de l’exposition s’achève sur les
Carnets
de
Marseille et les illustrations du recueil de
poèmes d’André Breton,
Fata Morgana
. La
troisième s’ouvre sur les dessins prépara-
toires à l’illustration du
Cahier d’un retour
au pays natal
d’Aimé Césaire ainsi que sur
les dessins et peintures annonciateurs de
l’œuvre majeure de Lam,
La Jungle
. C’est
précisément à ce moment-là, dans le
creuset caribéen, Martinique et Cuba, que
s’accomplit la transmutation.
Wifredo Lam
La Jungle.
1943, huile sur papier marouflé sur toile, 239,4 × 229,9 cm.
The Museum of Modern Art, New York.