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Expositions
De Gainsborough à Turner – L’âge d’or du portrait
et du paysage anglais dans les collections du musée du Louvre
Musée des Beaux-Arts, Quimper – Du 23 octobre 2014 au 26 janvier 2015
Commissariat : Guillaume Faroult, Marie-Pierre Salé,
Hélène Moulin-Stanislas, Guillaume Ambroise
Par Vincent Quéau
jardins anglais
Colorama des
Paysages et portraits
enAngleterre autour de1800
Le Louvre possède une collection anglaise parmi les plus complètes, très rare-
ment montrée dans son ensemble. Par chance, la nouvelle vocation nomade de
l’institution les assemble en l’exposition d’une soixantaine de « hit paintings »,
arrêtée à Quimper. Must see !
À l’orée du XVIII
e
siècle, une fois sa stabilité
retrouvée par l’apaisement des passions
politiques et religieuses l’ayant malmené
aux deux siècles précédents, le royaume
d’Angleterre se constitue une école natio-
nale, jusqu’alors suppléée par des artistes
étrangers. Dans ces Trois Royaumes, à la
pointe de l’innovation parlementaire et qui
vont bientôt bénéficier des prémices de la
révolution industrielle initiée par la France,
la commande n’émane pas d’un État diri-
giste désireux d’éblouir par sa splendeur.
Au contraire, seul le particulier, souvent
enrichi par le rendement de ses terres,
soumises aux théories agronomiques les
plus avant-gardistes, monopolise le mécé-
nat. Ainsi, quand sur le continent, le
Grand
Genre
se consume dans le tourbillon des
modes, interrogeant toujours plus loin les
Fastes
d’Ovide, bientôt l’
Histoire romaine
de
Tite-Live et la
Guerre des Gaules
de César,
les amateurs anglais s’enchantent des pay-
sages frustes de leur nouvelle Golconde,
sans se lasser d’admirer leur propre image
et celle de leur caste…
Couples, plaines et orages
Portraits et paysages concentrent l’atten-
tion tout entière de cette clientèle qui initie
une nouvelle façon de peindre. L’apport
de l’ère géorgienne dans l’histoire de la
peinture ne provoque plus de débat. Grâce
à elle vont se développer des genres long-
temps considérés comme mineurs, mais
aussi une autre conception du « rendu »,
promouvant un brossé large, une impres-
sion de virtuosité, une matière plus visible,
moins éthérée, que la facture léchée de
Boucher comme de Vien, de David comme
d’Ingres. Les Anglais libèrent le geste,
conférant une noblesse à la pâte du peintre
tout en se concentrant sur la représenta-
tion exacte de la nature qui les entoure.
L’
inventio
maintes fois détournée depuis
Aristote ne se trouve plus, pour la pre-
mière fois, uniquement la
cosa mentale
de la Renaissance, mais s’affirme par le
propre d’un génie qui imprime son style
à ses créations. À cette exigence de haute
estime pour l’individualisme du peintre,
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