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Expositions
Le Greco et la peinture moderne
Musée du Prado, Madrid. Du 24 juin au 5 octobre 2014
Commissariat : Javier Barón
Entretien entre Javier Barón,
conservateur en chef au musée du Prado,
et Pascale Lismonde
pèrede la peinturemoderne
LeGreco,
Manet et le naturalisme, Cézanne, Picasso et les cubistes, Dalí et les surréa-
listes, Beckman et l’expressionnisme allemand, Pollock et la peinture américaine,
les nouvelles figurations, de Bacon à Saura… Depuis deux siècles, l’influence
du grand maître du maniérisme espagnol, Dhomínikos Theotokópoulos (1541-
1614), dit le Greco, est manifeste dans toutes les grandes révolutions picturales
modernes. Pour le 400
e
anniversaire de sa mort, Javier Barón, du musée du Prado,
spécialiste de l’art du XIX
e
et du XX
e
siècle, propose cet été une exposition majeure
Le Greco et la peinture moderne
, à découvrir au fil d’une centaine d’œuvres venant
du Prado et de grands musées américains et européens.
Pascale Lismonde
|
L’influence du Greco sur la
peinture des XIX
e
et XX
e
siècles a déjà
donné lieu à des expositions importantes,
par exemple
Pollock draws El Greco
au
MetropolitanMuseumde New York en 2003,
au palais des Beaux-Arts de Bruxelles
en 2010 ou
Le Greco et le modernisme
au
Museum Kunstpalast de Düsseldorf en
2012. Qu’apportez-vous de nouveau dans
la grande exposition du Prado?
Javier Barón
|
La dernière exposition à
Düsseldorf montrait l’importance du
maniérisme du Greco pour l’expression-
nisme allemand, avec son goût pour la
déformation des corps et la recherche
d’effets émotionnels. Au Prado, à partir
d’une centaine de tableaux venant d’une
douzaine de pays, des musées américains
(Metropolitan, MoMA, SFMOMA), de la Tate
Gallery à Londres et bien sûr des musées
français, je souhaite montrer comment le
Greco, tombé dans l’oubli après sa mort
et redécouvert au début du XIX
e
siècle,
est devenu une figure centrale pour les
peintres. Il a engendré des expressions
picturales d’une étonnante diversité car,
depuis deux siècles, on retrouve son
influence dans la plupart des grandes révo-
lutions picturales.
Je montre aussi l’apport spécifique du
Greco sur la peinture espagnole, en particu-
lier sur Picasso, dont on expose 18 œuvres.
À Paris, sa relation avec le Greco a étémon-
trée en 2008 dans l’exposition
Picasso et ses
maîtres
, par exemple dans
L’Enterrement
de Casagemas
(1901), présenté ici. Pour