Le
festin nu
d’Emmanuelle Renard
PAR RENAUD FAROUX
Ci-contre à gauche :
Le cuisinier.
2009, technique mixte sur toile, 170 x 122 cm.
Ci-contre à droite :
Les âmes rétives et irréelles.
2010, technique mixte sur toile, 200 x 200 cm.
La série hallucinatoire
La cuisine des néces-
sités
est inspirée librement du film de Peter
Greenaway
Le Cuisinier, le voleur, la femme
et son amant
. Comme dans ce film baroque,
le modèle de l’histoire semble être la
tragédie classique de la vengeance avec
un accent mis sur les fonctions du corps
humain : manger, boire, déféquer, copuler,
roter, vomir, se dévêtir, saigner… L’artiste
donne vie à un monde pulsionnel qui mêle
des femmes, des musiciens, des cuisiniers,
des danseurs, des acrobates… Elle offre
ses méditations sur l’amour et la mort, le
rire et les larmes, l’amitié et la souffrance,
le père et l’enfance, les cannibales et la
sagesse, les passions et la religion, le vin
et les huîtres, la santé et le sommeil, la
musique et la lecture…
Avec une grande expressivité plastique,
l’artiste dissèque ses personnages pour
remonter au pathos de leur origine par
l’introduction d’anecdotes en couleur et de
drames en aplats. La matière des tableaux
à la manière d’un Rebeyrolle semble orga-
nique et issue de la chirurgie à cœur ouvert
d’une chimère baudelairienne : compost
d’algues pourries, bois détrempé, mouette
crevée, excréments, vomissures, larmes,
peau, saletés retirées des ongles, crachats
La galerie Polad-Hardouin présente une exposition troublante. L’approche véhémente d’Emmanuelle Renard
se dévoile dans la brutalité esthétique de ses dernières peintures et dessins. La galerie fait toujours la part
belle à des artistes de la nouvelle figuration des années 60, en dehors des autoroutes de l’art : Macréau,
Maryan, Pouget… autant qu’à de jeunes créateurs se réclamant d’un expressionnisme tonitruant.
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