EXPOSITIONS
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À gauche :
Photographie d’Emmanuel Daydé.
Ci-dessous :
Jean-François Millet.
L’église de Gréville.
1871-1874, huile sur toile, 60 cm x 73 cm.
Musée d’Orsay, Paris.
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Né parmi les vingt feux de Gruchy, un hameau invi-
sible, encaissé et à l’abri des regards, sur le territoire
de Gréville, le jeune Jean-François a vécu là dans
une effrayante misère jusqu’à l’âge de 21 ans, mais
à la manière d’un paysan remarquablement éduqué,
qui sème le grain et ramasse le varech, en même
temps qu’il lit le latin et se passionne pour Virgile,
Shakespeare, Byron ou son cher Montaigne. Âpres
et nues, décharnées et déchiquetées tels de fantas-
tiques et squelettiques amas de pierre, les falaises
de Gréville sont bordées de champs vert clair fluo-
rescent, piquetés de touffes rases d’ajoncs jaunes
et de bruyères violettes. Dominant le gouffre d’une
mer souvent furieuse, ces grandioses et effrayantes
falaises d’orage s’avancent dans la mer, au milieu
des brouillards et des tempêtes du Finistère nor-
mand. Accroché au bord de l’abîme, luttant contre
le vent et les embruns, le jeune Jean-François
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