L’abstraction
selon
Alfred
Pacquement
Entretien entre Alfred Pacquement,
ancien directeur du Centre Pompidou,
et Pascale Lismonde
Pascale Lismonde
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Alfred Pacquement, comme vous avez
notamment
défendu nombre d’artistes français et
étrangers qui sont des figures de proue de l’abs-
traction, je souhaiterais faire le point avec vous sur
les tendances actuelles de ce courant majeur du
XX
e
siècle. Ainsi, en 2003, à l’occasion d’un nouvel
accrochage du MNAM, vous disiez que « l’abstraction
avait encore son mot à dire». Était-elle menacée de
disparition ? Pourrait-on évoquer actuellement un
« retour de l’abstraction»?
Alfred Pacquement
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Parler de « retour de l’abstraction »
supposerait que l’abstraction ait disparu, ce qui n’est
pas du tout le cas. Mais si, dans la première partie
du XX
e
siècle, l’abstraction s’est affirmée comme un
choix délibéré de non-représentation de la réalité,
aujourd’hui, elle est beaucoup moins vécue comme
un positionnement strict et affirmé : si c’est un acquis
à explorer pour certains artistes, pour d’autres,
l’abstraction est une forme de représentation
comme une autre – c’est le cas avec Gerhard Richter.
Aujourd’hui, ce n’est pas vraiment un sujet de débat :
certains artistes poursuivent leur chemin dans cette
direction, sans se revendiquer pour autant comme
« abstraits », ils se qualifient autrement. Certes,
La boucle est bouclée, avec brio et succès, mais sans l’ombre d’un effet de manche. Nommé en l’an 2000 par
Catherine Trautmann à la tête du Musée national d’art moderne-Centre Pompidou, et renouvelé à deux reprises dans
ses fonctions, Alfred Pacquement vient de mettre un terme (pour raison d’âge administratif) à sa direction exemplaire
du musée où il avait fait ses premières armes de conservateur dans les années 1970, dès sa préfiguration rue Berryer.
Conservateur général du patrimoine, il a aussi dirigé le Jeu de Paume au moment de sa mutation en Galerie nationale
d’exposition, ainsi que l’École nationale des beaux-arts. Sans qu’il s’agisse d’une passion exclusive, surtout pour
le directeur d’un musée d’art moderne aux expressions multiples, les différentes expositions pilotées par Alfred
Pacquement et la plupart de ses écrits manifestent une prédilection marquée pour l’abstraction et le dépouillement
dans l’expression artistique. Rencontre.
François Morellet.
52 x 4 n°4 (Quand j’étais petit,
je ne faisais pas grand) –
(d’après
Peinture
de 1952).
2006, acrylique sur toile sur bois, 280 x 92 cm.
Christopher Wool.
Sans titre.
2002, sérigraphie, peinture au pistolet sur toile, 274 x 182,8 cm.
Musée national d’art moderne – Centre Georges-Pompidou, Paris.
Abstraction
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