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Sabrina Dubbeld
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Comment avez-vous appréhendé le thème de
l’exposition?
Christian Lapie
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Dans un premier temps, j’ai relu le Livre de Job et je
dois admettre que cela m’a un peu effrayé. J’étais gêné par la
souffrance du personnage, l’ambiguïté qui existait entre Dieu et
le diable, le discours terrifiant que tiennent les trois amis de Job
ainsi que sa femme. À mes yeux, c’était inutile, horrible et rela-
tivement peu intéressant. Néanmoins, j’ai voulu aller au-delà de
cette vision qui était trop sommaire et très spontanée. Je me suis
alors beaucoup documenté, j’ai lu tout ce que j’ai pu trouver. Mais
même après avoir procédé de la sorte, je n’arrivais pas à trouver
le fil. Comment parvenir à m’exprimer sur un tel sujet tout en
conservant ma propre expression? J’ai donc décidé de reprendre
contact avec Haïm Korsia, un ami rabbin très érudit dont j’étais
très proche depuis qu’il avait supervisé la réalisation du mémorial
de la déportation que j’ai créé dans le parc de Sceaux. Nous avions
tissé un véritable lien d’amitié et je savais que je pouvais compter
sur son aide. Son point de vue était très différent du mien. Il ana-
lysait le texte différemment des catholiques et des musulmans.
Il ne s’agissait plus de culpabilité. Je me suis alors rendu compte
que le texte pouvait être interprété de diverses manières. J’étais
complètement libre. Ce qui m’a alors interpellé, c’est que Job
Christian
Lapie
Né en 1955 à Reims. Il vit et travaille à Val-de-Vesles.
Dans le souffle des cendres.
2012, bronze à la cire perdue fonderie Hare, tirage unique 1/1, 245 x 75 x 55 cm.
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