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artabsolument
)
no 6 • automne 2003 page
9
À la fois précurseur de lamodernité et inventeur du “primitivisme”, Paul Gauguin est le premier
artiste à s’être délibérément confronté à l’ailleurs. Le premier à abolir les frontières entre les
arts mineurs et les arts majeurs, l’art occidental et l’art d’une autre civilisation.
Texte
Gauguin, un prophète sous les tropiques
Pascal Amel
Gauguin lucide, irréductible, sait que le seul combat qui
vaille est d’être à la hauteur de ses exigences. Jusqu’à
présent il a été patient. Infiniment patient. Il naît en
1848, fils cadet d’Aline Chazal, une mère qui, à ses yeux
d’enfant comme à ceux d’adulte, restera aussi belle
que mythique – fille de Flora Tristan (l’une des pre-
mières féministes dont les écrits utopistes feront date),
descendante revendiquée des conquistadors du
Nouveau Monde ; et de Clovis Gauguin, socialiste, jour-
naliste progressiste, qui, un an après – en 1849 –,
malade du cœur et des nerfs, plus ou moins contraint à
l’exil par ce qu’il estime être la clique réactionnaire de
Louis Napoléon Bonaparte, succombera à une rupture
d’anévrisme dans le détroit de Magellan, alors qu’ils
naviguent tous quatre – le père, la mère, Marie la sœur
aînée, Paul – vers le lointainmais fabuleux Pérou afin de
retrouver la famille riche et influente d’Aline. Il passe
six ans à Lima, capitale tropicale, loin de la France
embourgeoisée et honnie, le plus loin possible de
la
bêtise et de la pauvreté
, gâté par le vieil oncle donPio,
Portrait
de la mère
de l’artiste.
1890,
huile sur toile,
41 x 33 cm,
Staatsgalerie,
Stuttgart.
Paul Gauguin.
Vahine no te vi
(Femme
à la mangue).
1892,
huile sur toile,
72 x 44 cm,
Baltimore
Museum of Art.
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