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L’ART AU MAROC
Dossier
Identités
Institut des cultures d’Islam, Paris
Du 18 septembre au 21 décembre 2014
Entretien entre Jamel Oubechou,
président de l’Institut des cultures d’Islam,
et Tom Laurent
Art contemporainet société auMaroc
«Déployer des libertés»
Par le biais du déplacement des problématiques sociales et culturelles dans le
champ de l’art, l’exposition de l’Institut des cultures d’Islam consacrée au Maroc
contemporain ne cesse d’interroger les identités multiples et en tension de cette
société. La question de ce que peuvent et souhaitent les artistes en son sein
s’associe ici à la volonté de montrer des visages du Maroc généralement évacués.
TomLaurent
|
Quelle a été la méthode qui a pré-
sidé au choix et à la construction de cette
exposition réunissant six artistes contem-
porains marocains ? Souhaitiez-vous plus
particulièrement montrer certaines dyna-
miques à l’œuvre actuellement au sein des
pratiques artistiques au Maroc ? En aviez-
vous une idée prédéfinie en amont de la
conception de l’exposition?
Jamel Oubechou
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L’exposition
Identités
s’inscrit
dans un festival plus vaste, qui se tient à
l’Institut des cultures d’Islam (ICI) jusque
fin décembre 2014 et qui s’intitule
Maroc,
arts d’identités
. Pour la construire, nous
avons volontairement laissé le champ
ouvert : nous n’avons pas voulu définir
un propos préalable, un discours que
nous serions allés étayer en utilisant les
œuvres d’art de façon programmatique
ou démonstrative. Nous avons créé les
conditions de rencontres inattendues, de
découvertes imprévues. Cette démarche
pour rencontrer le Maroc et ses artistes
nous a donné une grande liberté assortie
des contraintes propres à la gestion de la
profusion artistique et créative que nous
avons rencontrée. Il a fallu opérer une
sélection, inévitable et nécessaire, aller
à la découverte d’un sens qui ne soit pas
plaqué mais bien plutôt issu des œuvres,
de ce qu’elles ont à dire, de ce que disent
les artistes ou de ce qu’ils pensent dire et
des conditions d’émergence de ces œuvres
ainsi que de la situation de la création artis-
tique contemporaine au Maroc.
Les six artistes qui figurent dans l’exposi-
tion ont tous des démarches singulières,
des pratiques artistiques qui leur sont
propres. Ils parlent de la société maro-
caine, de manière parfois oblique, et les
jeux de paradoxes, de résonance ou de ten-
sions entre les œuvres, la polyphonie qui en
ressort, les accords ou dissonances sont
à l’image d’un Maroc que l’orientalisme,
même dans ses formes néo-kitsch les
plus contemporaines, ne saurait continuer
à masquer. Refuser de céder aux sirènes
de l’exotisme, c’était aussi l’un des enjeux
Jamila Lamrani.
Le peuple veut.
2011, installation en laine, 250 x 200 cm.
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