Tom Laurent
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La Martinique, où se déroule la première
édition de la BIAC, est la terre natale de trois grandes
voix qui parfois se complètent, parfois se confrontent,
voire s’opposent : celles d’Aimé Césaire, de Frantz
Fanon et plus récemment d’Édouard Glissant. De
quelle manière leur héritage innerve-t-il cette pre-
mière édition de la Biennale?
JohannaAuguiac-Célénice
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Contrairement à ce que l’on pourrait
croire, les pensées de Césaire, Fanon et Glissant ne
sont absolument pas contradictoires. S’il a pu arriver
que ces grands penseurs divergent sur les pratiques à
mettre enœuvre, leurs pensées se sont profondément
imbriquées, complétées, nourries l’une de l’autre, cha-
cune dans des contextes différents. En ce sens, ces
pensées sont la sève de la première édition de la BIAC
Martinique. Bien évidemment, celle-ci s’inscrivant dans
le cadre du centenaire de la naissance d’Aimé Césaire,
un accent plus particulier est mis sur la poésie de ce
dernier. À l’échelle de la Martinique et de la Caraïbe,
les plasticiens se sont, à l’évidence, nourris de ces
pensées et cette première édition se déploie autour du
rapport intime et inattendu entre la littérature et les
arts visuels, entre le texte et l’image, le signifiant et
le signifié, pour un dialogue fécond d’œuvre à œuvre.
Associer la littérature aux arts visuels, c’est provo-
quer une rencontre, tenter à partir d’une expérience
commune de créer un double cheminement. Cette
rencontre peut être fulgurante car elle témoigne de
l’enrichissement de la grammaire et des codes d’un
art à l’autre. C’est ce mouvement de ce qui est perçu-
reçu, c’est la résonance du cri littéraire dans les arts
visuels, c’est ce tourbillon du sentiment esthétique que
nous inscrivons comme thématique de la BIAC 2013.
Biennale en Martinique
Polyphonie
À droite : Bernard Williams.
Standing Chart #1.
2005-2013, bois peint.
Courtesy de l’artiste.
À gauche : John Beadle.
In Another Man’s Yard.
2006.
Entretien entre Johanna Auguiac-Célénice,
directrice de la BIAC, et Tom Laurent
Expositions
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