Artistes
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limite pas à une lisibilité linéaire parce qu’il y a une
thématique commune : il s’agit surtout de décou-
pages et de collages. La rétrospective de Chambéry
sera un peu le contre-pied de ce parti pris. Le choix
d’œuvres sera plus diversifié et ouvert, avec par
exemple des dessins sur cartes de géographie mais
surtout de la peinture.
Amélie Adamo
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Quelle est la singularité de l’exposition
Corpuscules
par rapport à celle qui aura lieu au
musée de Chambéry ?
Philippe Favier
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Au musée Granet, il s’agit d’une rétros-
pective qui s’étend des années 1980 aux derniers tra-
vaux. Elle commence avec les premières pièces mais
de suite après la chronologie se casse. L’on ne se
Philippe
Favier,
l’alchimiste
funambule
eNtretieN Avec AMélie ADAMO
Musée Des BeAux-Arts De cHAMBérY.
Du 19 MAi Au 16 sePteMBre 2012.
Philippe Favier.
Depuis les années 1980 jusqu’à aujourd’hui, Philippe Favier a su renouveler avec grande inventivité ses univers
lilliputiens, à travers une pratique « d’alchimiste funambule ». Passionné de découvertes, gourmand de chair du
temps, il détourne dans ses séries divers matériaux et supports, du plus dérisoire au plus insolite : boîtes de sar-
dines, ardoises, vieilles photos, anciennes cartes de géographie, plan cadastral ou antiphonaire… Distillant le réel
en rêve, transformant un « déjà-là » en « encore-là », Favier redonne souffle à une mémoire endormie en y posant
sa griffe. Par greffes, traces, effacements, l’artiste crée une contrée peuplée de mille et une figures fabuleuses ou
historiques, squelettes, oiseaux, animaux hybrides ou étonnantes machines.
Sur les terres de l’image, Favier déambule en funambule. En équilibre sur le fil des choses, l’artiste acrobate est
jongleur de mots et voyageur des extrémités. Il désamorce le drame en pirouette légère et colorée, grime la figure
noble avec le fard du trivial, balade la mort en costume pétillant au carnaval du vivant et démasque, sous le dégui-
sement du monde pacotille, un visage d’essentiel.
Les deux rétrospectives, organisées à Aix-en-Provence puis à Chambéry, sont l’occasion de (re)découvrir la palette
de cette œuvre protéiforme. Œuvre qui, tel un minuscule trou de serrure, invite l’œil à s’engouffrer dans le sillon de
l’aventure humaine. Aux portes de l’archipel de l’intériorité.
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