John.
2008, huile sur toile, 160 x 200 cm.
Collection privée, Paris.
L’œuvre de Philippe Pasqua s’inscrit
dans une tradition anglo-saxonne du
portrait contemporain qui depuis Bacon,
Freud jusqu’à Jenny Saville dérange et
attire. Ses grandes toiles violentes et
impudiques de nus, ses immenses têtes
de trisomiques, ses représentations en
pied de transsexuels, ses sculptures
en argent de
Vanités
bousculent les
idées reçues. Toutes ses créations
suscitent des jouissances artistiques,
inavouables ou déguisées parfois sous
les habits œcuméniques de la fraternité
et de la bonté.
Cela faisait longtemps qu’un plas-
ticien français n’avait pas déchaîné
autant de commentaires. À la façon de
Houellebecq en littérature, les
Vanités
de Pasqua évoquent la misère métaphy-
sique de notre monde post-moderne,
et, comme pour l’auteur des
Particules
élémentaires
, les œuvres déclenchent
adulation, jalousie ou animosité. Les
admirateurs affrontent avec courage
les détracteurs : du lard ou du cochon ?
Des dollars ou du Bacon ? Un début
de réponse est fourni par les mots de
Jonathan Swift mis en exergue du livre
de John Kennedy Toole
La conjuration
des imbéciles
: « Quand un vrai génie
apparaît en ce bas monde, on peut le
reconnaître à ce signe que les imbéciles
sont tous ligués contre lui.… »
Pour calmer le jeu et décortiquer le travail
de ce nouvel «enragé», pour reprendre le
titre de Jean Paulhan à propos d’un autre
grand peintre de la chair, Jean Fautrier,
méditons ce qu’il lui écrivait : « Tous les
critiques sont justes. Il ne reste qu’à les
comprendre.»
Pour les œuvres reproduites :
Courtesy galerie Laurent Strouk.
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