Martin Barré.
63-C.
1967, bombage, huile et acrylique sur toile, 120 x 88 cm.
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mise
en
crise
Martin Barré, Jean Degottex, Marc Devade,
Simon Hantaï, Michel Parmentier
La
Peinture
Entretien entre Marc Donnadieu,
commissaire de l’exposition
et Tom Laurent
LaM, Villeneuve d’Ascq.
Du 3 mars au 27 mai 2012.
Déplacer, déplier, découvrir. La peinture en actes, 1960-1999.
Commissariat : Marc Donnadieu.
Tom Laurent
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Quels points communs y a-t-il entre les
cinq peintres – Martin Barré, Jean Degottex, Marc
Devade, Simon Hantaï et Michel Parmentier – dont
vous exposez les productions, celles-ci intervenant à
des moments différents de leur carrière ? Dans quel
climat évoluaient-ils alors qu’ils cherchaient à se
dégager de toute production de style ou de fonction
de représentation?
Marc Donnadieu
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L’exposition, volontairement, n’est pas
chronologique. Chaque artiste a une salle et est
représenté par une série. Le but n’est pas de refaire
un groupe
a posteriori
, puisque ces cinq artistes ne se
ressemblent pas, n’ont pas le même point de départ
et ne vont pas vers le même point d’arrivée. Si ce
n’est qu’ils se sont tous demandé comment faire de
la peinture, et ce qu’est la peinture, tout en restant
peintres. Le principal point commun est le fait de
se considérer comme peintre et d’aboutir à quelque
chose qui tient du tableau.
Le plus ancien est Degottex, un autodidacte, qui a
commencé par réaliser un travail de figuration,
notamment autour du paysage breton. Il expose tout
d’abord chez Denise René et rencontre André Breton
par le biais de Charles Estienne avant de passer
par la galerie Kléber dirigée par Jean Fournier.
C’est Breton qui lui donne un livre de philosophie
asiatique, dont la lecture transforme son rapport à
l’abstraction, passant de la figuration fauve à une
réflexion sur le signe et le geste, première période
avant l’amorce en 1967 d’un questionnement sur les
outils du peintre, dont la série exposée est issue.
Simon Hantaï est hongrois, et vient de l’écriture auto-
matique, qu’il va mettre en crise. Ce n’est donc pas
du tout le même point de départ. Entre 1950 et 1952,
Hantaï expérimente pour tenter d’échapper à l’écri-
ture automatique, d’aller plus loin. Il fait une pre-
mière toile pliée, dont il déclare que c’est un pliage
sans le savoir et sans le vouloir, et peint des pliages,
comme des linceuls. En 1960 seulement il démarre
réellement les pliages, façon de faire surgir l’invo-
lontaire. Il ne s’agit plus d’écriture mais de peinture
dont une part apparaît à l’aveugle, d’où résulte un
motif que produit la peinture elle-même. L’artiste
n’étant qu’un déclencheur. Quand Hantaï s’engage
dans cette pratique, Degottex n’a pas encore aban-
donné sa réflexion par rapport au geste et au signe :
nous ne sommes pas dans une temporalité syn-
chrone. De plus, bien qu’ils aient été tous les deux