ÉDITORIAL
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larités esthétiques des autres nations européennes
(par le biais de la présence continue d’artistes ori-
ginaires de celles-ci aux XVIII
e
et XIX
e
siècles, puis
du monde entier à partir de l’entre-deux-guerres)
se sont rencontrées et ont fusionné au bénéfice d’un
art sinon d’équilibre et de mesure, du moins tendant
à conjoindre les opposés : un mixte de la main ET de
l’œil, de la chair ET de l’esprit, de la sensation ET de
la rationalité, du corps ET de l’âme comme on aurait
pu l’écrire il y a quelques décennies (il semble que
le mot ET soit le mot le plus important pour com-
prendre l’art français). Gilles Deleuze, à propos de la
qualité intrinsèque du cinéma français des années
30-40 (Abel Gance, Jean Renoir, Vigo, Becker,
Duvivier, Grémillon…), évoque “une expansion des
possibles cherchant à unifier le mouvement et la
durée irréversible, la fluidité et la lumière, voire une
recherche du sublime à la fois mathématique-spiri-
tuelle, extensive-psychique, quantitative-poétique,
abstraite-figurative”…
Bref, il s’agit souvent d’un
art référentiel et/ou cultivé
qui unifie le contenu (le concept, le nombre, la
mesure) ET la subjectivité (le corps, la matière, la
sensation, la lumière) en convoquant dans unemême
œuvre des références littéraires, philosophiques,
intellectuelles ou esthétiques (rapport aux maîtres
du passé ou à d’autres civilisations, à la photogra-
phie, au cinéma, aux images de la publicité ou de la
télévision…) ET
l’invention de nouvelles formes.
En ce sens, il n’est pas étonnant que les nouveaux réa-
listes, qui ont su allier la pensée deMarcel DuchampET
le renouvellement des formes, ait été le dernier mou-
vement international de l’art français contemporain.
Par contre, on a du mal à comprendre pourquoi les
artistes français qui sont
explicitement référentiels
et engagés dans le renouvellement des formes
,
ont
quelque peine à franchir les frontières et à être recon-
nus à l’aune de leur talent !
Mais c’est une autre histoire : celle de la prépondé-
rance de New York sur la scène internationale à partir
des années 50-60, et du “masochisme français” non
seulement incapable de reconnaître l’excellence
de ses artistes, mais dépréciant durablement l’art
contemporain français – le ringardisant? – en le plom-
bant sous la chape radicale conceptuelle des années
70 que l’on a vu à l’œuvre (une fois de plus) dans la
Force de l’art 02
qui, à l’exception de deux ou trois indi-
vidualités, fut, de l’avis général, fort décevante!
Pascal Amel, Teddy Tibi
un art
contemporain
français?
César
Olivier Debré
Arman
Peter Klasen
Martial Raysse
Huang Yong Ping
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