Ces dix dernières années – mondialisation
oblige –, la scène de l’art contemporain est deve-
nue planétaire, ou pour le moins élargie à de très
nombreuses nations ; d’où, après l’instauration de
l’art américain, anglais, allemand, espagnol, ita-
lien ou russe, l’émergence de l’art chinois, indien,
iranien, arabe, brésilien, etc.
Certes, l’on peut émettre quelque réserve concer-
nant cette classification des artistes en nations ou
en zones géographiques, puisque, d’une part, l’on
vit à l’ère de la circulation généralisée des images
et des interactions toujours plus grandes entre les
artistes des diasporas créatrices des villesmondes
et leurs pays d’origine respectifs, et que, d’autre
part, toute œuvre, si elle est suffisamment pro-
fonde, est une
singularité
outrepassant le contexte
local dont elle est issue au bénéfice d’un regard
sinon “universel” du moins “transculturel”.
Cela dit ! Nonobstant cette réserve légitime que la
plupart des créateurs émettent lorsque l’on veut
les cantonner à cette unique appartenance, il est
difficile de ne pas admettre que des traits spéci-
fiques, inhérents à la biographie, au genre mas-
culin ou féminin, à la civilisation et à la culture
environnante à partir desquels s’est constitué
l’œil de l’artiste ne jouent peu ou prou un rôle ; et,
après tout, ce n’est pas l’un des moindres enjeux
de l’art contemporain du XXI
e
siècle que de nous
proposer enfin
une diversité de points de vue
aupa-
ravant limités au seul regard occidental.
D’où le fait que l’on pourrait s’étonner qu’il n’y ait
pas de définition (ou de “réduction” à un ou deux
clichés si l’on veut être délibérément critique) de
l’art français, alors que les institutions mettent en
avant l’art américain, la sculpture anglaise, la pein-
ture expressionniste allemande, l’art espagnol, etc.
Cette question, nous l’avons évoquée lors de notre
entretien avec Pierre Nahon qui a défendu des
années durant Yves Klein, César, Arman, etc.
Les artistes également présents dans ce numéro
(Martial Raysse, Peter Klasen, Huang Yong Ping)
sont français ou vivent depuis de nombreuses
années en France ; et cette spécificité a-t-elle
une incidence dans l’élaboration de leur œuvre?
Nous ne le savons pas. Tout au plus risquons-
nous une hypothèse qu’étaye – peut-être – la par-
ticularité historique et géographique de la France
dont chacun sait qu’elle a été le creuset de l’art
pictural et sculptural européen durant au moins
deux siècles (1750-1950) ; c’est en France – et
plus particulièrement à Paris – que les particu-
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