Revue Art Absolument n°93 - aperçu - page 9

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DÉCOUVRIR
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Cette approche du monde du travail se fait
presque frontale au musée des Beaux-Arts de
Caen, qui étend le corpus pictural au-delà du
sillon des seuls impressionnistes pour observer
l’écho du paysage social dans la peinture de la fin
du XIX
e
siècle. Au Havre, l’arrivée de l’éclairage
urbain vient presque faire éclore un genre à part
entière, liant le paysage nocturne et la ville, lieu
du travail et des loisirs, à Londres d’abord, puis
à Paris devenue ville-lumière et dans la ville de
jeunesse de Monet, qui peint en 1872 une vue de
son port la nuit. Invention de la société indus-
trielle, la reproduction qu’offre la photographie
agrémente la capture de la lumière par celle de
la couleur à l’orée du XX
e
siècle. En exposant
les clichés polychromes d’un collectionneur
contemporain des impressionnistes, Antonin
Personnaz, le musée des Beaux-Arts de Rouen
en montre la transposition «mécanique ». En
plus des corps écrasés par la couleur de Claire
Tabouret, l’institution rouennaise montre plu-
sieurs tableaux de Jean-Baptiste Bernadet,
En plaçant la manifestation sous le double signe de la couleur et de
l’industrialisation, son commissaire général Philippe Piguet a vu large.
Et permet d’ouvrir à des lectures renouvelées la geste impressionniste,
en correspondance avec les transformations de son temps et les
révolutions artistiques qu’elle a suscitées.
PAR TOM LAURENT
Normandie
impressionniste
,
bancs de couleurs et plages horaires
reprenant par sa peinture l’impressionnisme
dans ses morceaux les plus dissolus. Tranchant
avec l’attention de Pissarro, Monet et leurs amis
pour la saisie d’un instant fugacemais déterminé,
l’artiste de 42 ans déclare s’attacher à «peindre
l’air, plutôt que la lumière ou la couleur». Avec
ses fines particules projetées au pistolet à pein-
ture pour recouvrir murs, sols et plafonds à la
manière d’une gaze, Flora Moscovici tend elle
aussi à faire correspondre peinture et état vapo-
reux. Étendant à tout l’espace l’empire de la poly-
chromie, son intervention à Maromme appelle
une expérience sensorielle dont les constituants
seraient l’architecture, les corps des visiteurs, le
vide et la peinture. Si cette jeune peintre part de
la couleur pour délimiter des surfaces, projeter
lumières et ombres environnantes ou encore
tout fondre ensemble en un vaste décor mou-
vant, Bruno Peinado, qui expose au SHED, s’est
d’abord intéressé à la valse constante des objets
et des signes pour tendre à explorer l’imperma-
nence des choses.
À voir
Nuits électriques
. MuMa, Le Havre. Du 3 juillet au 1
er
novembre 2020
Antonin Personnaz / Jean-Baptiste Bernadet / Claire Tabouret
. Musée des Beaux-Arts, Rouen.
Du 11 juillet au 15 novembre 2020
Flora Moscovici. Décoration, quelle horreur !
L’Académie, Maromme.
Du 11 juillet au 15 novembre 2020
Bruno Peinado. Briller et disparaître / Le spectacle d’un feu
.
Le SHED, Notre-Dame-de-Bondeville. Du 11 juillet au 15 novembre 2020
Vue de l’exposition de Flora Moscovici,
Décoration, quelle horreur !
,
L’Académie , Maromme, 2020.
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