Revue Art Absolument n°93 - aperçu - page 6

36
DU FAIT DU CONFINEMENT LIÉ À L’ÉPIDÉMIE DE CORONAVIRUS, LA PREMIÈRE EXPOSI-
TION IMMERSIVE AU CŒUR DE L’ÉRUPTION VOLCANIQUE, QUI MIT FIN IL Y A 1 941 ANS À
POMPÉI, N’APUOUVRIRSESPORTES LE25MARSDERNIER. REFUSANTDEVOIRPOMPÉI
DEUX FOIS DÉTRUITE, LE GRAND PALAIS ET LA SOCIÉTÉ GEDEON ONT LANCÉ DURANT
TOUT LEPRINTEMPSSUR INTERNETUNEAVANT-PREMIÈREDECETTEEXTRAORDINAIRE
IMMERSION, ENMETTANTENLIGNEDESVIDÉOSDESDÉCOUVERTESLESPLUSRÉCENTES
AINSI QUEDESVISITESVIRTUELLESDESPLUSSOMPTUEUSESVILLAS. DÉSORMAIS, L’EX-
PÉRIENCEPROMISEETLACONFRONTATIONPHYSIQUEAVECLESFRESQUESEXHUMÉES,
LES STATUES AUGMENTÉES ET QUELQUES AMULETTES RETROUVÉES PEUVENT AVOIR
LIEU. SOUS LE VÉSUVE, MOURIR PEUT ATTENDRE.
«Toute heure est suprême», disaient les Romains. À
celle où la pandémie de Covid-19 a confiné l’Europe
et la presque la totalité du monde, l’anéantissement
de la ville de Pompéi dans l’Italie de 79 ap. J.-C.
prend une résonance toute particulière. Et ce d’au-
tant plus que la spectaculaire exposition, concoctée
pour le Grand Palais par GEDEON Programmes et le
scénographe Sylvain Roca, en lien étroit avec le Parc
archéologique de Pompéi (et son directeur Massimo
Osanna), se focalise sur l’effervescence des rues pom-
péiennes lors des deux derniers jours de la ville en
79 de notre ère. « Tous les hommes se transmettent
leur angoisse comme une épidémie », avançait le
Grec Épicure, que le Latin Lucrèce avait popularisé
dans le monde romain, et ce tout particulièrement
à Pompéi et à Herculanum (où ses vers sont abon-
damment copiés). Dans son
De rerum natura
, Lucrèce
avait établi que tout ce qui nous entoure est constitué
d’atomes tombant dans le vide et que les remèdes
aux «terreurs et ténèbres de l’esprit» sont au nombre
de quatre : le divin n’est pas à craindre ; la mort est
sans risque ; le bonheur peut s’acquérir ; tout ce qui
effraie est endurable. Reconstituer au plus près la
catastrophe de Pompéi, c’est endurer ce qui effraie,
sans craindre le divin ni la mort, à la recherche d’un
bonheur possible. «Cela permet (aussi) d’imaginer la
vie trépidante d’une ville chaotique du sud de l’Ita-
lie, renchérit Massimo Osanna. Une ville habitée par
près de 40 000 personnes (en comptant habitants
et gens de passage), où tout bougeait tout le temps,
où partout on travaillait, réparait les canalisations
d’eau, rénovait les maisons, refaisait les rues. Tout
cela gomme un peu l’image d’une ville parfaite, où
tout aurait été intact au moment de l’éruption.»
VIVRE ET LAISSER MOURIR
À POMPÉI
PAR EMMANUEL DAYDÉ
POMPÉI
SALON D’HONNEUR DU GRAND PALAIS, PARIS
DU 1
ER
JUILLET AU 27 SEPTEMBRE 2020
COMMISSARIAT : MASSIMO OSANNA
SCÉNOGRAPHIE : SYLVAIN ROCA
PRODUCTION AUDIOVISUELLE : GEDEON PROGRAMMES.
Mosaïque à petites tesselles (
vermiculatum
) représentant Dionysos et Ariane.
I
er
siècle ap. J.-C., calcaire, 45 x 45 cm.
Fontaine le long de la rue du Vésuve, parc archéologique de Pompéi, Pompéi.
1,2,3,4,5 7,8,9,10,11,12,13,14,15,16,...26
Powered by FlippingBook