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Dossier
Rétrospective Télémaque
Centre Pompidou, Paris – Du 25 février au 18 mai 2015
Musée Cantini, Marseille – Du 19 juin au 20 septembre 2015
Entretien avec Renaud Faroux
ou«l’or du temps»
Hervé Télémaque
Dans l’atelier, à travers son emballage transparent se découvre un portrait pop d’André Breton : Hervé
Télémaque est à l’ouvrage. L’artiste, initiateur de la Figuration narrative, travaille à un hommage à
son amour de toujours, Arshille Gorki, peintre américain d’origine arménienne. Il est en train d’orga-
niser sa rétrospective au Centre Georges-Pompidou. Cette exposition à caractère politique met en
lumière, entre autres, ses relations intimes entre Haïti et la France. Les premiers mots sur celle-ci
sont révélateurs : « J’aimerais que la vision de ma peinture au Centre Pompidou soit accompagnée de
lectures du Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire, un rappel des Antilles et surtout d’Haïti,
cette terre “première république nègre des Amériques” fondamentale dans mon destin d’artiste ! »
«La mère patrie»
Renaud Faroux
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C’est donc en premier lieu ton
haïtianité qu’il faut interroger, ta « négri-
tie » comme l’écrivait ton oncle, le poète
Carl Brouard?
HervéTélémaque
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Haïti est pour moi la référence !
Mes années là-bas éclairent précieusement
les énigmes parallèles de mon évolution
aussi bien affective que culturelle et esthé-
tique. Ma peinture dévoile le fantasme d’une
mère-terre, nourricière et protectrice, idéa-
lisée mais bien présente dans mes visions
multiples de la baie de Port-au-Prince, de
la végétation luxuriante, du rappel de mon
premier âge si protégé. Ce contenu primi-
tif et émotionnellement intense est resté
comme source de nostalgie, de beauté et
de bonheur et a toujours nourri ma peinture
et mon écriture comme le souligne cette
évocation que j’ai faite à José Pierre : « Je
suis venu au monde bercé par de grandes
femmes d’ombre au balancement de coco-
tiers. Elles me préservaient du soleil trop
brûlant, de la pince des crabes, des épines
des roses – dumonde extérieur, en somme.
J’ai vécu longtemps ainsi, les yeux embués
par l’incertitude des méridiens à stores bas,
l’imagination rongée des gestes tendres
qui m’enveloppaient. Parfois surgissait des
touffeurs de l’après-midi l’arabesque svelte
d’une liane, toute la lumière s’y accrochait
comme un essaim d’oiseaux-mouches. Le
bonheur fusait soudain en mille éclabous-
sures de couleurs. Puis tout retombait
parmi les velours sombres au doux parfum
de poussière… Je vivais et ne vivais pas… au
sein d’un univers feutré et rassurant. »
RF
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Ces données initiales te suivent à chaque
étape de ta création, comme source, réfrac-
tion, transpositions littérales et en quelque
sorte géographiques ou bien comme
fantasmes ?
Art en Haïti
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