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Expositions
l’on prend en considération la longueur des
carrières d’artistes plus âgés.
PA
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Précisément, comment concevez-
vous le rôle d’un collectionneur privé en
regard de l’art soutenu par les institutions
publiques? Et plus généralement, par rap-
port à l’art contemporain?
LD
|
Le rôle des collections a souvent été
déterminant pour soutenir une scène
locale : dans mon cas, elle se trouve en
France. Sans être dogmatique et en se
laissant la possibilité de regarder ce qui
se crée ailleurs. Si les scènes anglaise et
allemande ont su faire émerger des artistes
de talent qui bénéficient d’une grande visi-
bilité, cela provient du fait que ces artistes
ont d’abord été soutenus localement par
des collectionneurs. Il y a encore vingt-cinq
ans, leur regard intégrait une dimension
plus locale liée à une proximité de sensi-
bilité. Par exemple, les collectionneurs
allemands se sont naturellement intéres-
sés aux artistes travaillant en Allemagne :
lors des grandes expositions organisées
dans ce pays, ces collectionneurs ont prêté
PA
|
La présence de divers médiums et
générations, que l’on retrouve dans l’ex-
position, est surprenante : Fiona Rae, Bill
Viola, Soulages, Kader Attia cohabitent en
son sein. Cela dit, la plupart des artistes
français choisis sont très connus, voire
« institutionnels», comme Bertrand Lavier,
Claude Lévêque ou Daniel Buren. Est-ce
une volonté délibérée?
LD
|
Là encore, c’est le choix de Jérôme
Sans. Pour autant, je ne suis pas certain
que Dove Allouche, par exemple, soit un
artiste que l’on pourrait qualifier d’« insti-
tutionnel » bien qu’il ait vécu, pour l’essen-
tiel, en France. À mon sens, il devrait l’être
beaucoup plus. On peut espérer que la
présence d’artistes dits « institutionnels »
attire les regards et la reconnaissance sur
ceux qui ne bénéficient pas encore de ce
statut. Quant à la scène française, il est
important de montrer sa richesse, notam-
ment par le biais du travail de ses grands
artistes exposés dans les institutions. Peut-
être demande-t-on trop vite aux jeunes
artistes travaillant en France de s’inscrire
dans ce contexte institutionnel, dès lors que
Kader Attia.
Soldat blessé, masque malade « Lega ».
2013, sculpture en marbre et masque en bois, buste : 80 x 51 x 34 cm,
masque : 35 x 20 x 7 cm. Courtesy Galleria Continua. Collection Laurent Dumas, Paris.
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