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Expositions
Splendeurs des Han, essor de l’empire Céleste
Musée Guimet, Paris
Du 22 octobre 2014 au 1
er
mars 2015
Commissariat : Éric Lefebvre et Huei-chung Tsao
Par Catherine Delacour
Portrait culturel de la ChinedesHan
empire sous le ciel
Naissanced’un
Une vision holistique
de l’univers
Curieusement, le tracé sinusoïdal que for-
ment les trois périodes de la dynastie – avec
les Han occidentaux, l’interrègne et les Han
Orientaux – paraît se caler sur la vision holis-
tique taoïsante de l’univers mise en forme
par l’École naturaliste de Zou Yan (305-
240 av. J.-C.). Mâtinée de confucianisme
par Dong Zhongshu (174-104 av. J.-C.), elle
domine la pensée Han tout en conservant
son double tropisme, taoïste et confucéen.
D’après cette école, le
yin
et le
yang
, deux
forces opposées mais complémentaires
issues de la polarisation du souffle origi-
nel,
yuanqi
, tour à tour ascendantes puis
descendantes, sont associées aux engen-
drements successifs des cinq éléments,
wuxing
– le bois, le feu, la terre, le métal et
l’eau. Il en résulte un monde de « corres-
pondances » entre les directions, saisons,
planètes, couleurs, sons, saveurs, viscères,
vertus... Cette mécanique universelle
rend compte des événements politiques,
naturels et cosmiques au sein desquels
l’homme, simple élément parmi d’autres, a
cependant pouvoir et mission de préserver
l’harmonie entre ciel et terre, en se confor-
mant à la nature. Au plus haut niveau, tout
déséquilibre est imputé à l’empereur,
qui est alors légitimement dépossédé de
son mandat céleste. Mais les empereurs
comme leurs sujets oscilleront constam-
ment et sans y voir d’inconvénient majeur
En 221 avant notre ère, la Chine est unifiée. Canevas de toutes les dynasties chinoises ultérieures,
la mise en place d’un État centralisé par Qin Shi Huangdi ne va pas sans mesures drastiques : sup-
pression de la féodalité, remplacée par des commanderies dépendant de l’administration centrale ;
unification des poids, des mesures et de la monnaie ; normalisation de l’écriture ; vaste programme
d’aménagement intérieur du territoire ; expéditions militaires au nord, contre les Xiongnu, en Chine
du Sud et au Vietnam. Mais l’ampleur des travaux et la rigueur extrême de la loi, qui use et abuse
de la sévérité de l’école légiste, mettent les paysans à genoux et provoquent la haine des nobles
spoliés de ce qu’ils estiment leur revenir de droit. Des rébellions éclatent. Un général issu du peuple,
Liu Bang, se proclame empereur en 206 sous le nom de Han Gaozu et fait de Chang’an sa capitale.
La dynastie des Han est née.