EXPOSER L’ART DES CARAÏBES /
CURATING CARIBBEAN ART
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JMN
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Toute ma pratique curatoriale découle du centre.
Intervenir dans les biennales de La Havane a constitué une
expérience extraordinaire, car en ce lieu est passé tout ce
qui compte dans le domaine de l’art contemporain du sud, de
même que dans celui de la pensée qui lui donne vie.
Je suis très satisfait de pouvoir m’intéresser de près à l’art
de la Caraïbe – les Antilles, le Guyana, la Guyane française, le
Surinam – et de l’Amérique centrale, à des productions «ultra
périphériques » avec une circulation internationale assez
limitée jusqu’à une époque récente, mais qui génèrent une
émergence visuelle aux processus intenses et dynamiques.
Quand j’ai commencé mes recherches, j’ai constaté le manque
d’intérêt pour l’art caribéen que montraient les organisateurs
des grandes expositions ; les études globales existantes
étaient rares et d’un genre très académique. Malgré cela, la
Biennale s’y est toujours beaucoup intéressée. En effet, sa
deuxième édition lui a dédié son symposium théorique en 1986.
À partir de 1991 et 1994, elle a conçu le projet de nouvelles
orientations qui se fondent dans les territoires caribéens, dans
lesquelles interviennent des figures consacrées, secondées
par des artistes émergents : Annalee Davis, Marcos Lora Read,
Christopher Cozier, Elvis Lopez, Thierry Alet, Kcho et d’autres.
Il s’agit d’un virage assez radical par rapport aux modes de
représentation prédominants jusqu’alors, quelque chose que
j’ai conceptualisé à l’époque comme une nouvelle image de la
Caraïbe (voir ma communication lors de la seconde Biennale
de peinture de la Caraïbe et d’Amérique centrale, Saint-
Domingue, 1994), qui modifie les référents linguistiques et
conceptuels, fait le pari des installations, de l’art objet, de la
vidéo, et récupère le sens critique de l’art.
an extraordinary experience for me because that is where one
comes face to face with everything of importance in the world
of southern contemporary art, including the thinking that has
brought it into being.
I am very pleased to be able to take a close interest in Caribbean
art – the French West Indies, Guyana, French Guyana, Surinam –
and Central America, in what is being done in the “ultra periph-
ery” which has enjoyed limited circulation until recently, but is
generating the visual emergence of intense, dynamic processes.
When I began my research, I noted a lack of interest in Caribbean
art on the part of major exhibition organizers. Few overall studies
had been done and they were extremely academic. Despite that
fact, the Biennial has always shown great interest in the region
and a theoretical symposium was devoted to Caribbean art at the
second Biennial in1986. Starting in 1991 and 1994, it launched
the project to examine the new artistic directions being adopted
in the Caribbean territories, spearheaded by established figures
and supported by emerging artists: Annalee Davis, Marcos Lora
Read, Christopher Cozier, Elvis Lopez, Thierry Alet, Kcho and
others. It involves a rather radical shift compared with the
modes of representation that had dominated up until then. At
the time, I thought of it as a new image of the Caribbean (cf. my
talk at the second Biennial of Caribbean and Central American
Painting in Santo Domingo, 1994), which is changing the lin-
guistic and conceptual references, opting for installations, art
Wilfredo Prieto.
Apolítico
.
2003, installation dans l’espace public.