L’Œil
de
Michel-Édouard
Vue extérieure du Fonds Hélène et Édouard Leclerc pour la culture.
Landerneau.
Teddy Tibi
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Vous venez de la grande distribution, com-
ment en êtes-vous arrivé à vous attacher à la créa-
tion plastique?
Michel-ÉdouardLeclerc
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Lorsque j’ai proposé à nos mécènes
de créer le Fonds Hélène et Édouard Leclerc, j’en ai
testé l’idée auprès des salariés du Centre Leclerc de
Landerneau. J’ai été surpris par la moue dubitative
de certains d’entre eux, qui m’ont dit : « autant la
culture, les livres, les disques, c’est pour nous. Mais
l’art contemporain, est-ce vraiment pour nous?» Je
leur ai demandé pourquoi et ils m’ont répondu que
« l’art contemporain aujourd’hui, c’est Dubai, les
grands musées, les ventes aux enchères à coups
de millions de dollars, les rivalités de riches collec-
tionneurs ou même tout simplement des installa-
tions devant lesquelles des experts s’extasient alors
que rien n’est fait pour que le public y comprenne
quelque chose. » Je me suis alors rendu compte de
l’existence d’une profonde fracture, sociale plus que
culturelle. L’art, et pas simplement l’avant-garde,
s’est mis sur orbite, avec des codes et une séman-
tique qui l’éloignent du public, pour ne pas dire du
« peuple ». C’est la raison pour laquelle je me suis
dit que face à ce gâchis, il fallait travailler à rendre
certaines formes d’art de nouveau accessibles. Et,
notamment, permettre aux artistes de retrouver leur
public dans nos provinces, car, à Paris ou dans les
grandes métropoles, évidemment, on trouve tout.
Parcours
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