ExpositionS
          
        
        
          
            169
          
        
        
          Vue du parvis de l’Hôtel de Ville de Paris.
        
        
          Alain Kirili.
        
        
          
            Rythmes d’automne
          
        
        
          . 2012, sculptures en ciment noir
        
        
          sur du gravier bleu nuit, 90 cm de hauteur chacun.
        
        
          PP
        
        
          |
        
        
          Quelenest toutàlafois leconceptet lefil conducteur?
        
        
          AK
        
        
          |
        
        
          Ni l’un, ni l’autre ne sont très rationnels. C’est une
        
        
          sculpture assez subjective dont l’idée est celle d’un
        
        
          jaillissement, d’une sorte de dripping monumental.
        
        
          Le titre –
        
        
          
            Rythmes d’automne
          
        
        
          – signale une relation
        
        
          criptyque à Pollock puisque c’est celui de l’un de ses
        
        
          tableaux. C’est une sculpture qui ne répond à aucune
        
        
          grille préétablie et qui ne procède d’aucune esquisse
        
        
          préalable. C’est un dripping de signes qui aura lieu le
        
        
          jour et à l’heure convenus où les camions apporteront
        
        
          chacun l’ensemble des éléments que j’ai réalisés, sans
        
        
          que je sachemoi-même, aumoment où je vous parle en
        
        
          ce début dumois d’août, si je les utiliserai tous ou non.
        
        
          PP
        
        
          |
        
        
          C’est donc une pièce qui peut connaître toutes
        
        
          sortes de variations selon l’emplacement où elle
        
        
          sera présentée?
        
        
          AK
        
        
          |
        
        
          Absolument. C’est basé sur un concept très impor-
        
        
          tant dans l’art, comme dans lamusique, qui s’appelle
        
        
          la forme ouverte. Cette idée de forme ouverte s’ex-
        
        
          prime dans la répétition, la différence, l’imprévu; c’est
        
        
          un projet qui n’a ni commencement, ni fin, dont les
        
        
          termes dynamisent, donnent la vie à la sculpture.
        
        
          PhilippePiguet
        
        
          |
        
        
          Composé d’un certain nombre d’éléments
        
        
          aux allures de signes abstraits,
        
        
          
            Rythmes d’automne
          
        
        
          s’inscrit à l’ordre d’une série de pièces qui existent
        
        
          dans votre œuvre depuis longtemps. Qu’en est-il
        
        
          exactement ?
        
        
          Alain Kirili
        
        
          |
        
        
          Elle appartient en effet à la série des
        
        
          
            Commandements
          
        
        
          que j’ai commencée en 1980 et
        
        
          dont elle est la version la plus récente. La première –
        
        
          
            Commandement I
          
        
        
          – est au musée Ludwig de Cologne
        
        
          et une autre –
        
        
          
            Grand commandement blanc
          
        
        
          – se trouve
        
        
          au jardin des Tuileries.
        
        
          
            Rythmes d’automne
          
        
        
          s’en dis-
        
        
          tingue parce qu’elle est faite en ciment de couleur
        
        
          noire et que les éléments qui la composent sont
        
        
          d’une plus grande hauteur. C’est la beauté – quoique
        
        
          souvent discutée – de la façade de l’Hôtel de Ville
        
        
          et la monumentalité du parvis pour lesquels cette
        
        
          sculpture a été conçue et réalisée qui m’ont conduit
        
        
          à faire ce choix.
        
        
          Verticalité et incarnation sont les deux mots clés de toute l’œuvre d’Alain Kirili. Invité par
        
        
          la Ville de Paris à intervenir sur le parvis de l’Hôtel de Ville, l’artiste a créé une sculpture
        
        
          monumentale à la mesure du lieu, emblématique de ses préoccupations esthétiques, qui
        
        
          en dit long de son combat pour un art du ressenti et de la présence. Comme en témoigne
        
        
          par ailleurs l’exposition de ses sculptures que l’on peut voir à Antibes, à la Fondation
        
        
          Hartung Bergman et au musée Picasso. Une actualité duelle qui met en exergue la pensée
        
        
          esthétique de l’artiste, sa pertinence et sa résistance.
        
        
          >
        
        
          Alain Kirili,
        
        
          le
        
        
          monolithe
        
        
          et le
        
        
          nucleus
        
        
          
            Entretien avec Philippe Piguet