Page 5 - Aperçu AA 31 septembre/octobre 2009

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depuis les galeries longeant cette élégante cour
intérieure. De grands aplats de couleurs assu-
rent une lisibilité certaine des collections, mais
le maintien en l’état de certaines salles garde la
mémoire de la scénographie initiale. L’enjeu est de
fixer des repères pour le visiteur, avec des pièces
maîtresses comme le très moderne et touchant
Portrait de Madame de Senonnes (1814) d’Ingres,
rentré dans les collections du vivant de l’artiste,
tout en dynamisant l’appréhension du musée. Car
le dessein du musée des Beaux-Arts de Nantes ne
saurait se limiter à une démonstration unilatérale,
si brillante soit-elle. Il s’agit d’établir une relation
soutenue avec tous ceux qui se retrouvent face à son
Vielleur aux accents caravagesques, musicien d’un
réalisme étonnant attribué tardivement à Georges
de La Tour ; à sa conséquente suite Kandinsky ;
ou à l’artificiel et apparemment lisse portrait de
Martial Raysse. Blandine Chavanne, directrice de
l’institution, insiste : “Nous sommes dans un musée
municipal. Chaque habitant de Nantes, et plus loin
chaque visiteur, doit y trouver sa place. Ce lieu est
avant tout le leur.” Les initiatives prises en ce sens
sont légion : témoin d’un ancrage local, le pro-
gramme “Un quartier au musée”, en place depuis
trois ans, invite les Nantais à investir ses généreux
volumes le temps d’une soirée. Les étudiants de la
ville ont pu aussi inventer au sein des galeries des
parcours sonores, visuels et poétiques autour des
grands formats du XIXe siècle lors d’une nuit qui,
chaque année, leur est consacrée.
Si les collections s’enrichissent d’année en année,
l’agrandissement est à l’ordre du jour. Entamé en
2011, il permettra la création de nouveaux espaces
d’exposition consacrés à la création contempo-
raine et englobera jusqu’à la chapelle de l’Oratoire,
située à quelques pas du bâtiment principal, où
le visiteur pouvait déjà découvrir des expositions
temporaires. Cette dynamique culturelle est à
l’image de l’esprit d’ouverture animant ce musée
qui, sans perdre ses fonctions originelles, est
devenu, grâce à l’action menée pas ses conserva-
teurs, un véritable lieu de vie et d’échanges : là où
peuvent communiquer différents regards.
Ci-dessous :
Ernesto Neto. Leviathan Thot. 2009, installation.