Carnet d'exposition - Marc Devade, la peinture en excès - page 5

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Ainsi, l’œuvre de Devade va s’accomplir
sur un peu plus d’une dizaine d’années en
trois grandes périodes : les œuvres peintes
à l’acrylique, puis celles réalisées à l’encre
et enfin les huiles. Chaque fois, les ruptures
sont nettes, préméditées, il n’y a jamais
chevauchement des techniques. Cependant,
deux caractéristiques demeurent : les pein-
tures sont toujours précédées de dessins
préparatoires avec des cotes et des dimen-
sions précises qui témoignent d’une longue
anticipation intellectuelle avant le geste
pictural lui-même. Ensuite, cette program-
mation de la peinture par la réflexion et le
dessin conduit à une libération continue du
geste et de la jouissance dont tout semble
indiquer que Devade savait très tôt, grâce
à sa lecture des lettrés chinois, que c’était
l’enjeu essentiel de la pratique picturale.
« Je n’arrête pas de réapprendre à peindre,
c’est continuellement critique, c’est une
crise continuelle dont chaque séquence
fait surgir par blocs de couleur le sujet pris
dans son histoire, dans l’histoire politique.
Camille Saint-Jacques est peintre et auteur.
Il codirige avec Éric Suchère la collection
Beautés
,
éd. Galerie Fournier/FRAC Auvergne Rhône-Alpes.
1
Salon de 1845, 5.
2
Les propos sur la peinture du moine Citrouille-amère
(1710), trad. Pierre Ryckmans, éd. Hermann, 2005, p. 111.
3
Marc Devade, Comment me vient la peinture,
Promesse, n° 34-35, mars 1973, réédité in Marc Devade,
écrits théoriques, T. 2, éd. Lettres Modernes Minard,
1990 et in Artiste ou lettré, Marc Devade & Pratiques
contemporaines (coll.) éd. Lienard, collection Beautés,
2009, p. 121-125.
La peinture me danse – vous danse –, elle
me désarticule comme/quand elle se désar-
ticule ; la division de la toile par la couleur
littéralement “liquide” l’unité de la surface
à travers le geste large, précis du bras, de
la main, du poignet, puis du corps tout
entier qui met la toile dans tous ses états  :
soulevées de droite à gauche et de haut en
bas  – je pleus sur la toile la couleur, elle
rigole – rire, danse de la séparation ».
3
Camille Saint-Jacques
>
Sans titre
.
1974, crayon sur papier, 65 x 53 cm.
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