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Expositions
Un énorme trousseau de clés déployé comme une roue à rayons devant une petite chromo de la
Joconde surmontée d’une boîte de sardines, un masque de plâtre qui fait face à une bobine de film
appliquée sur une cafetière au-dessus d’une pipe et de deux glands, une danseuse bleue dessinée
sur une palette-guitare, deux guidons entrelacés sur un casque de cycliste, des troncs d’arbres, des
feuilles de houx, une composition au tire-bouchon… Entre son propre musée à Biot et le musée des
Beaux-Arts deNantes, tout un ensemble de toiles, de dessins et de films de Fernand Léger font l’objet
entre printemps et été d’une exposition qui renouvelle la lecture traditionnelle de son réalisme.
«Un blocmonolithique», l’œuvre de Fernand
Léger? s’étonneMaurice Fréchuret, l’un des
commissaires. C’est mal la connaître! Pour
l’équipe de commissaires, dans le travail de
reconstruction plastique de la réalité auquel
ce pionnier de l’art du XX
e
siècle a dévoué sa
vie, sonœuvre dematurité (entre 1924 et son
retour de New York en 1945) manifeste une
nette ouverture à des signes emblématiques
du surréalisme.
Comme Léger s’est toujours efforcé de
définir ses orientations esthétiques, on
peut suivre son évolution grâce à sa nom-
breuse correspondance, aux multiples
conférences liées à ses expositions en
Europe ou aux États-Unis et à l’enseigne-
ment dispensé dans sa propre académie,
fondée à Montparnasse en 1924, où il forme
des générations d’artistes. Fasciné par les
révolutions créatrices du XX
e
siècle en ses
débuts, Fernand Léger entre de plain-pied
dans «l’esprit nouveau» avec Le Corbusier,
adhère aux inventions de son temps, le
cinéma, la vitesse, l’essor de la ville, du
machinisme, des lumières, la mode, la
publicité, les affiches, ou les grandes pein-
tures murales qu’il affectionne.
New York, qu’il va découvrir en 1931 à
50 ans, sera pour lui cette « ville-debout »,
éblouissante d’énergie et de modernité.
D’autant plus que ses amis américains
(dont Gerald Murphy) contribuent à faire
reconnaître son talent aux États-Unis, par
des commandes ou une première rétros-
pective au MOMA à New York et à Chicago
en 1935 pour ses 54 ans.
Léger fait partie de ces artistes toujours
en recherche. Les révolutions impression-
nistes, puis cézaniennes, puis cubistes ont
libéré les codes de représentation pictu-
rale de la nature. Dès 1913, Léger confirme
son option picturale réaliste et définit la
nécessité d’une ordonnance simultanée de
trois grandes quantités plastiques : «Les
Par Pascale Lismonde
Fernand Léger : reconstruire le réel.
Musée national Fernand Léger, Biot. Du 1
er
mars au 2 juin 2014.
Musée des Beaux-Arts de Nantes. Du 20 juin au 22 septembre 2014.
Commissariat : Blandine Chavanne, Maurice Fréchuret,
Diana Gay, Claire Lebossé et Nelly Maillard.
ce grand vivant
Fernand Léger,
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