page
42
numéro 27
janvier 2009
De nationalité suisse et française, je vois la lumière en
1939 à Fontenay-sous-Bois. J’apprends le
Manuel du
gabier
et les feux de camp en 1948. Collégien en 1954,
je ramasse des fossiles, traces indéfectibles du temps.
Étudiant, je me forme à l’École des beaux-arts (1956-
1960) et m’intéresse aux déchets industriels et aux
traces par empreintes. Graveur chromiste dans une
imprimerie typographique (1964-1975), cette activité
m’incite à explorer des processus d’imprégnation liés
à la confection d’outils spécifiques :
Nœuds & Ligatures,
Couples
toile/outil
(1968-1973). J’oblitère des
Toiles
ficelées
, des
Toiles contrepliées
, des
Toiles calcinées
.
L’outil fait la peinture et la pratique des combustions
génère de nouveaux ensembles :
Anonymes calcinées
,
Trophées
,
Toiles brûlées
(1977-1983). Je séjourne en
Italie où naît
Le Rouge émis
(1984). Puis je développe
en 1989 les
Brûlis
et le
Concept supranodal
durant
les années 90. Je réside au Japon en 1994 à la villa
Kujuyama. Travaillant souvent à l’extérieur au cours
des années 2000 dans des lieux en déshérence (friches
industrielles), la problématique du tableau s’émancipe
sans renier ses origines. L’atelier est un laboratoire
nomade et éphémère à chaque escale…
Mon art se caractérise par l’intégration de deux fac-
teurs antinomiques dont les forces et les conséquences
de leurs dynamiques compulsives président à l’inven-
tion d’une réalité singulière.
Du noyau générateur d’énergie aux nœuds et entrelacs
de l’origine du temps, je développe la filiation de ces
processus respectifs et confronte la transformation de
leur matérialité entropique, celle-ci trouvant ses fonda-
tions dans les symptômes, rêves et obsessions que je
perçois dans mon environnement quotidien et auprès
des différents corps des espèces du vivant.
J’invente en 1960-1970 une mise en œuvre picturale à
partir de la confection “d’outils de cordelettes nouées”,
empreintes sur la surface de toiles libres, parallèle-
ment à l’appropriation du feu comme autre marqueur
signifiant. Puis j’effectue de manière empirique mes
premières explorations de brûlage, combustions lentes
et feux jaillissants inspirés des pratiques ancestrales
de l’écobuage dites cultures sur brûlis.
En 1973-1984, les œuvres calcinées par des “outils”
de mèches combustibles altèrent la couleur et dés-
tructurent les supports. Les recouvrements d’entrelacs
proliférant et
supranodal
se substituent à la panoplie
des nœuds instrumentés.
En 1989-1990, je passe de la combustion cryptée à la
pratique des brûlis associant/alternant l’ignition en
expansion aux forces d’inertie du
concept
supranodal
(accumulation de textures noueuses).
Au cours de la dernière décennie, j’accumule cette
expérience des brûlis devenant traces d’une mémoire
qui n’est en rien émotive, mais qui est orientée vers une
représentation formelle évidente.
J’interroge l’usure du temps qui ne cesse de dégrader
l’événement de sa durée par délitements successifs.
Les
brûlis
, principes actifs, et les entrelacs, événe-
ments agissants, tissent leurs trames spécifiques dont
les énigmes respectives se répondent en écho.
Pour comprendre l’antagonisme de ces causes il faut
admettre que la naissance, l’existence et l’expression
des règnes du vivant né de la lumière sont un phéno-
mène unique créé par la propagation du feu nucléaire
et par son énergie. C’est un générateur d’espèces dont
l’éclat, l’incandescence, la luminescence, la vitesse de
rayonnement et les radiations inventent une dynamique
implacable évoluant dans un système de réseaux dont
>
Artiste contemporain
Christian Jaccard, l’épreuve du lieu
Par lui-même
1,2,3,4,5,6,7,8,9 11,12,13,14,15,16,17,18,19,...20