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ARTISTES /
ARTISTS
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Carlos Garrido Castellano
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How do you think Jamaican art is engaging with popular
culture?
EbonyG.Patterson
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Very few artists deal with popular culture today. In my case, my
work is a response to a number of images, issues and terms connected with
popular culture. The same is true for other artists such as Leasho Johnson.
At some level, he too is in touch with popular language. There is still a wide
disparity between the terms used in the visual arts and the ones in popular
culture. I think people are more sensitive in response to social events. There
are other artists dealing with issues of identity, but I think the conversation
has shifted in the sense that issues like gender are becoming more important.
My group is also looking at issues of autobiography, or even the “self”.
CGC
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How do you conceive of the role of dancehall culture in your work?
EGP
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I became interested in the dancehall when I was very, very young. The
dancehall has always been for me a place that functioned as a kind of cultural
arena. It was where we heard about the latest events and learned the latest
slang expressions and the latest dances. But it has also become a real source
for understanding Jamaican society. It has a lot of contradictions: a lot of songs
go back and forth between the dancehall and the church; there is still the need
to connect with a kind of Christian understanding, but also a need to build on
that understanding. In my own work, I am looking at how ideas about masculinity
influence the dancehall space, which I think is really interesting, especially in
relation to the changes in men’s physical appearance in the last five years or so.
ENTRETIEN AVEC /
INTERVIEW BY
CARLOS GARRIDO CASTELLANO
Née en Jamaïque en 1981. Vit et travaille en Jamaïque.
Représentée par la galerie See Line, West Hollywood.
www.artitup.zoomshare.com
www.aica-sc.net
EXPOSITIONS
2010
Fashion Ova’ Style
, See Line Gallery, Hollywood
2009
Gangstas, Disciplez + the Boyz
, Edna Manley College of the Visual
and Performing Arts, Cag[e] Gallery, Kingston, Jamaïque
EBONY G. PATTERSON
CarlosGarridoCastellano
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Selon vous, dans quellemesure l’art
jamaïcain dialogue-t-il avec la culture populaire?
Ebony G. Patterson
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Un très petit nombre d’artistes prend
encore aujourd’hui en compte la culture populaire.
Pour ma part, mon travail répond à un certain
nombre d’images, de problématiques et de termes
liés à la culture populaire ; c’est le cas également
d’autres artistes, comme Leasho Johnson. À un cer-
tain niveau, il évoque aussi la façon populaire de s’ex-
primer. Il existe encore une grande hétérogénéité
entre ce qui est pratiqué dans les arts plastiques et
ce qui a lieu dans la culture populaire. Je pense que
les gens sont davantage susceptibles de répondre
à des événements sociaux. Il y a d’autres artistes
qui s’intéressent aux questions d’identité, mais je
pense que le propos a dévié, au sens où d’autres
problématiques, comme le fait d’être un homme ou
une femme, prennent plus de place ; mon groupe
se penche aussi sur le sujet de l’autobiographie, ou
même du «moi ».
CGC
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Comment décririez-vous la place qu’occupe le
Dancehall
dans votre travail ?
EGP
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Je m’implique dans le
Dancehall
depuis que je
suis très, très jeune. Le
Dancehall
a toujours été pour
moi ce qui fonctionne comme un espace culturel.
Nous y apprenions les derniers événements, les der-
niers mots d’argot, les derniers pas de danse. Mais il
est surtout devenu l’endroit idéal pour comprendre
la société jamaïcaine. C’est un lieu aux multiples
contradictions : notamment parce que le
Dancehall
et l’église se partagent de nombreuses chansons, la
dimension chrétienne n’étant jamais très loin; mais il
faut aussi réussir à s’en détacher. Dans mon propre
travail, j’analyse comment les regards que l’on porte
sur la virilité s’intègrent au
Dancehall
; je trouve cela
très intéressant, surtout que l’aspect physique des
hommes a beaucoup changé au cours des cinq der-
nières années.
CGC
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Comment en êtes-vous venue à réfléchir au
thème du blanchiment de la peau?
EGP
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J’ai commencé à m’intéresser à la question du
blanchiment de la peau quand j’ai vu les hommes
y recourir. C’est quelque chose qui s’inscrit dans
mon travail de représentation des hommes et des
femmes, dans ce qu’ils ont de beau et de grotesque.
Quand j’ai vu les hommes faire usage de cette pra-
tique censément grotesque et plutôt associée à
l’univers féminin, je me suis dit que c’était vérita-
blement important. Et je me suis aussi rappelée que
lorsque les hommes ont commencé à se blanchir
la peau, il y a eu au même moment un changement
dans leur façon de se vêtir. J’essaie de nourrir une
réflexion sur le sens même du mot «virilité» et, dans
un second temps, d’analyser comment ce concept
fonctionne au sein du
Dancehall
et de l’esthétique
qu’on lui associe.