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ARTISTES /
ARTISTS
22
Né en République dominicaine en 1952. Vit et travaille en République dominicaine.
Représenté par la galerie Naço, Paris.
www.polibiodiaz.com
EXPOSITIONS
2009
New York – Santo Domingo
, galerie Naço, Paris
2008
51
e
Biennale de Venise, Venise
ENTRETIEN AVEC /
INTERVIEW BY
CARLOS GARRIDO CASTELLANO
Carlos Garrido Castellano
|
Comment avez-vous commencé à
vous intéresser à la photographie?
Polibio Díaz
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J’ai voulu étudier le génie civil à l’université
du Texas A & M et là-bas je suis tombé sur un cours
de photojournalisme; jeme suis inscrit, je voulais tou-
cher à tout. Cela m’a beaucoup aidé. Les cours m’ont
également permis de me rapprocher de l’histoire de
la photographie jusqu’à nos jours ; j’ai alors connu les
grands maîtres de la photographie, les Européens,
les Américains. Surtout Muybridge, il a été de ceux
qui m’ont le plus impressionné, car mes photos ont
quelque chose de cinématographique, dumouvement.
Cependant, en tant que Caribéen, la photographie en
noir et blanc ne me disait rien du tout.
CGC
|
Comment ce séjour aux États-Unis vous a-t-il
influencé?
PD
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Il m’a beaucoup affecté en tout. En premier lieu,
c’est à ce moment que j’ai découvert que je n’étais
pas si blanc que ce que mes parents et la société
dominicaine avaient bien voulu me faire croire.
Quand j’étais à l’université, où je me présentais le
plus blanc possible, j’ai découvert tout à coup le
Black
is beautiful
. Cela a marqué ma vie. J’y suis entré avec
le cheveu gominé et j’en suis sorti à la mode afro ; j’ai
découvert ce que c’était que d’être exotique. J’y ai
également trouvé mon identité en tant que Caribéen,
j’y ai admis que nous sommes excentriques, allègres,
d’où l’importance de la couleur dans mon œuvre.
CGC
|
En quels termes définiriez-vous l’identité dans
votre œuvre?
PD
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Pour atteindre l’universel, il faut partir du local,
de son identité. C’est comme un processus naturel.
Regardez l’œuvre d’artistes contemporains qui ont
eu une forte influence, ils utilisent ces principes, que
cela soit, ou non, l’intention de l’artiste. Monœuvre est
sociale et j’ai tendance à l’introspection ; il existe ici
des problèmes de base que l’on n’affronte pas et qui
affectent tout lemonde aussi bien à l’intérieur qu’à l’ex-
térieur des Caraïbes. J’ai été très proche de la classe
ouvrière dominicaine, dans le sens où je la considère
plus authentique. Les intérieurs sont plus originaux,
ils sont davantage eux-mêmes à l’inverse de la haute
société dominicaine qui n’est que le produit de ce qu’on
voit dans les revues, en Europe et aux États-Unis.
POLIBIO DÍAZ
Carlos Garrido Castellano
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How did you first become interested in photography?
PolibioDíaz
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I wanted to study civil engineering at the University of Texas A & M,
where I came across a course on photojournalism and enrolled. I wanted to
try everything. That helped me a great deal. The classes also brought me into
close contact with the history of photography up to today. I encountered the
great masters of photography – the Europeans, the Americans, etc. Especially
Muybridge; he was among the ones that made the greatest impression on me,
because my photos have something cinematographic or in motion about them.
As a Caribbean, however, black and white photograph held no interest for me.
CGC
|
How did this stay in the United States influence you?
PD
|
It affected me in every way. First of all, I realized that I was not as white
as my parents and Dominican society had made me believe. When I was in
college, where I tried to be as white as possible, I suddenly discovered the
slogan
Black is beautiful
. That marked me for life. I went in with my hair
slicked down and came out with an Afro. I found out what it meant to be
exotic. I also found my identity as a Caribbean; I accepted the idea that we
are eccentric and light-hearted – hence the importance of color in my work.
CGC
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What terms would you use to define your work?
PD
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To arrive at the universal, one has to start from the local, from one’s
personal identity. It is like a natural process. Look at the work of contemporary
artists that have had a major influence; they all use these same principles,
whether or not the artist intends to do so. My work is social and I have always
engaged in navel-gazing; there are fundamental problems here that are not
being tackled, and they affect everyone, both inside and outside the Caribbean.
I am very close to the Dominican working class in the sense that I consider it
more authentic. Those on the inside are more original; they are more them-
selves, unlike Dominican high society, which is merely the product of what
you see in European and American magazines.