Dans les murs de La Cohue, presque au hasard du
        
        
          dédale de petites rues, en face même de la cathé-
        
        
          drale Saint-Pierre de Vannes et comme sous son
        
        
          souverainmanteau, se tient lemusée des Beaux-Arts
        
        
          de la ville, là où la justice était autrefois rendue et
        
        
          les pouvoirs terrestres et célestes se renvoyaient la
        
        
          balle. C’est un abri de choix sur lequel veille Marie-
        
        
          Françoise Le Saux, conservatrice en chef depuis
        
        
          1984, première à obtenir cette charge deux ans après
        
        
          que les collections municipales, constituées dès les
        
        
          premiers envois de l’État sous la III
        
        
          e
        
        
          République à
        
        
          des fins d’éducation du bon goût, investissent le lieu.
        
        
          En s’appuyant sur le fonds déjà présent de gravures
        
        
          et d’estampes de la première moitié du XX
        
        
          e
        
        
          siècle,
        
        
          elle donne le “la” du musée, une identité propre en
        
        
          même temps qu’une ligne directrice. Le travail gra-
        
        
          phique des peintres remportera ses suffrages et, par
        
        
          un travail d’arrache-pied – tout est à faire dans les
        
        
          années 80 –, elle affirme la crédibilité de l’endroit au-
        
        
          delà de Vannes et donne la lisibilité qu’elles méritent
        
        
          à des collections éclectiques. De la pièce majeure de
        
        
          Delacroix, fleuron de la collection, aux abstractions
        
        
          contemporaines de Pierre Tal Coat ou d’Olivier Debré
        
        
          en passant par les peintres pittoresques bretons,
        
        
          chacun peut admirer autant qu’apprendre les codes
        
        
          picturaux, et les invariants comme les différences
        
        
          sont l’objet de tous les regards. Par son approche
        
        
          didactique en forme de tremplin, la vue d’une scène
        
        
          de genre agrémente celle du fameux
        
        
          
            Christ sur la croix
          
        
        
          d’Eugène Delacroix, qui fait la fierté du musée après
        
        
          avoir scandalisé tant le Salon que l’église vannetaise
        
        
          où il fut relégué et considéré comme impudique.
        
        
          La vie du lieu est rythmée par de nombreuses
        
        
          expositions temporaires. Grâce à l’immensité des
        
        
          surfaces d’accrochage, il est permis d’y exposer de
        
        
          très grands formats avec, pour le choix des artistes
        
        
          montrés, un goût affirmé pour l’abstraction : Pierre
        
        
          Alechinsky, Aurélie Nemours, Geneviève Asse, etc.
        
        
          dont les œuvres, gravées comme peintes, tiennent le
        
        
          haut du pavé et trouvent ici un espace à leur mesure.
        
        
          L’on aurait pu, à l’écoute de ce nom d’origine bre-
        
        
          tonne, La Cohue, et dans la précipitation, imaginer
        
        
          une assemblée dissipée, une sorte de foire d’em-
        
        
          poigne où chacun fait valoir ses intérêts. Pourtant,
        
        
          grâce au travail de l’équipemuséale et en dédiant aux
        
        
          arts le bâtiment de l’ancien marché médiéval, dont
        
        
          la partie la plus ancienne fut bâtie au XIII
        
        
          e
        
        
          siècle, les
        
        
          Vannetais ont réussi leur pari de la culture, un certain
        
        
          ciment pour les pierres de granit locales.
        
        
          T.L.
        
        
          La
        
        
          Cohue
        
        
          Musée des Beaux-Arts de
        
        
          Vannes
        
        
          
            20
          
        
        
          
            LIEU D’EXPOSITION
          
        
        
          
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