OUVERTURE /
OPENING
9
affiche 18, Valérie Jouve 20, Wilhelm Sasnal 110 et
Andres Serrano 527. Voilà qui permet de mesurer le
chemin à parcourir pour une reconnaissance de la
Caraïbe sur le plan international.
Si Wi fredo Lam, Hervé Télémaque, Kcho et
aujourd’hui Allora et Calzadilla ont ouvert la voie,
la Caraïbe ne figure toujours pas parmi les mar-
chés émergents. Le marché régional ou interrégio-
nal n’est pas encore structuré. Comment dès lors
s’intégrer au marché international ? Aujourd’hui
encore, aucune galerie de la Caraïbe insulaire ne
participe aux foires internationales comme la Fiac
ou ArtBasel, où l’on compte à peine quatre galeries
de la Caraïbe continentale ou de l’Amérique latine,
Mexique, Brésil ou Colombie.
Une visibilité accrue des artistes de la Caraïbe
passera par la création et la professionnalisation
de structures de diffusion, dotées d’une bonne
connaissance des rouages internationaux, suscep-
tibles d’intéresser des collectionneurs à la création
caribéenne, en s’appuyant sans aucun doute sur
la diaspora. Étant entendu qu’il est question ici de
l’émergence de plasticiens de la Caraïbe sur la scène
internationale au nom de leur originalité créatrice et
non de la reconnaissance d’un courant esthétique
global étiqueté «art caribéen».
Depuis 1998, des acteurs culturels de la Caraïbe
mutualisent leurs efforts pour accroître le rayonne-
ment des plasticiens contemporains de la Caraïbe.
Ce spécial
Art Absolument
constitue l’une des étapes
du processus mais ne dévoile qu’une part infime de
la foisonnante création caraïbe.
Annalee Davis.
Just beyond my imagination.
Installation 4,57 x 3,65 x 2,45 m, cadre en bois, vieux journaux,
sable blanc, peinture bleue.
1. « La créolisation, c’est un métissage d’arts ou de langages
qui produit de l’inattendu. C’est une façon de se transformer de
façon continue sans se perdre. C’est un espace où la dispersion
permet de se rassembler, où les chocs de culture, la disharmonie,
le désordre, l’interférence deviennent créateurs. C’est la création
d’une culture ouverte et inextricable, qui bouscule l’uniformisation
par les grandes centrales médiatiques et artistiques. Elle se fait
dans tous les domaines, musiques, arts plastiques, littérature,
cinéma, cuisine, à une allure vertigineuse. »
Édouard Glissant –
Le Monde
du 3 février 2011.
2. La commission des Caraïbes créée en 1946 est le premier ins-
trument de coopération à caractère international et a pour objectif
le développement économique. Elle deviendra l’Organisation des
caraïbes en 1961 mais sera dissoute en 1965.
3. La Carifta, fondée en 1968, introduit des mesures de labelli-
sation commerciale entre les États membres et crée la Banque
caribéenne de développement.
4. Le Caricom, à partir de 1973, a pour vocation d’approfondir le
processus. Enfin, l’OECS, ou Organisation des États de la Caraïbe
orientale, cherche depuis 1981 à dynamiser le développement des
îles les plus pauvres.
5. La loi de départementalisation est une loi adoptée en 1946 éri-
geant en départements français les anciennes colonies d’outre-
mer, la Guadeloupe, la Martinique, la Réunion, la Guyane.