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ARTISTES /
ARTISTS
30
CarlosGarridoCastellano
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Quand avez-vous commencé à travailler sur
le corps ?
Raquel Païewonsky
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Je crois que mon rapprochement avec l’art s’est
toujours fait à travers le corps. Cela s’est toujours produit de
cette manière, cette attraction pour le corps. Je regarde tou-
jours les gens plus que les choses. Si j’essaie de rationaliser
cela, je crois que ce qui m’intéresse dans le corps est que
toutes les expériences que nous vivons sont d’une façon ou
d’une autre traitées à travers le corps, nous les intégrons dans
notre langage corporel. C’est pour cette raison que le corps
me semble un espace si parfait pour dire tout ce que j’ai à dire.
CGC
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Utilisez-vous le corps comme espace pour exprimer des
identités ?
RP
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Il y a là deux aspects, je travaille précisément avec ces iden-
tités distinctes, l’identité que nous sommes en essence et com-
ment celle-ci est modifiée par notre environnement. C’est là que
se situe l’ensemble demon travail. Celam’intéresse beaucoup
de voir comment nous changeons à travers nos expériences,
les espaces que nous habitons, les lieux que nous visitons, les
gens qui nous entourent. Mais j’aime également me référer à
cette idée romantique de ce que nous sommes en essence, de
ce que nous pourrions être sans toutes ces choses que nous
ne sommes plus, mais que, je crois, nous sommes toujours au
plus profond de nous.
CGC
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Comment, à travers votre œuvre, définissez-vous la rela-
tion entre le public et le privé dans l’espace corporel ?
RP
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Je crois que le corps a toujours beaucoup appartenu à
l’espace public, à cause des politiques qui l’ont régi, à des
moments où l’on ne l’exhibait peut-être pas, mais où il était
réprimé, à cause des attitudes envers le corps. Cela indique
alors que celui-ci appartient à la sphère publique, parce que
quand vous dites au corps ce qu’il ne peut pas faire, cela n’est
plus de l’ordre de l’intime mais du public. Je pense que l’on a
maintenant gagné des espaces d’intimité, car nous bénéficions
d’une liberté d’action, mais cette liberté ne nous appartient pas
toujours. C’est une question très compliquée.
Née en République dominicaine en 1962. Vit et travaille en République dominicaine.
Représenté par la galerie Lyle O. Reizel, Saint-Domingue et Miami.
www.raquelpaiewonsky.com
EXPOSITIONS
2010
Femmes en mythologie, mythologie de femmes
, musée du Montparnasse, Paris
2008
Una
, Lyle O. Reitzel Arte Contemporaneo, Saint-Domingue
ENTRETIEN AVEC /
INTERVIEW BY
CARLOS GARRIDO CASTELLANO
RAQUEL PAÏEWONSKY
Carlos Garrido Castellano
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When did you start working on the body?
Raquel Païewonsky
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I think that my connection with art has always
been through the body. It has always happened that way, through
an attraction for the body. I tend to look at people more than at
things and if I try and rationalize that, I think that what interests
me about the body is that, one way or another, all the experi-
ences we have take place through the body and we incorporate
them in our bodily language. That is why the body seems to me
the perfect space for saying everything I have to say.
CGC
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Do you use the body as a space to express identities?
RP
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There are two aspects to this: I work with two distinct identi-
ties – our essential identity and how our environment modifies
it. That is the focus of all my work. I am very interested in how
we are changed by our experiences, the spaces we inhabit, the
places we visit and the people around us, but I also like to refer
to that romantic idea of what we are, what we are in essence,
what we could be without all those things that we no longer are,
but, I think, we remain, deep down.
CGC
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How do you define the relation between public and private
bodily space through your work?
RP
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I think that, to a great extent, the body has always belonged
to public space, because of the policies that reigned in periods
when the body was not to be shown, when it was repressed due
to attitudes. That indicates that the body belongs to the public
sphere, because when you tell the body what it cannot do, it is
no longer in the private but in the public realm. I think that now
we have gained private spaces, because we are free to decide
what we want to do, but we do not always possess that freedom.
It is a very complicated issue.
Muro
.
2009, dimensions variables.