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ARTISTES /
ARTISTS
24
Carlos Garrido Castellano
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What is the role of history in your work? How do you use
resources and references for the plantation and the slavery imaginary in your
artistic process?
Joscelyn Gardner
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I use documents, prints, and artifacts found in museum col-
lections and archives as a source for examining life on 18
th
century Caribbean
plantations. By subverting these records, I assert a space for the multiple
female subjectivities that are not recognized in the “official” (male) historical
canon and reveal traces of a painful past that continues to haunt our contem-
porary Caribbean space.
In
Creole Portraits II
(2007), the women from Egypt Estate in Jamaica, whose
names appeared in asides in plantation overseer Thomas Thistlewood’s diaries,
are commemorated through named black and white “portrait heads” depicting
Afro-centric hairstyles entwined with torture implements used during slavery.
Displayed as part of a wall installation with architectural elements and wall
texts that mimic a grangerized display in an 18th century British home, these
portraits symbolically empower the women who lived and died anonymously
on the plantations. These portraits, together with a video installation, have
also been displayed in the front rooms of a colonial great house in Martinique
Née à La Barbade en 1961. Vit et travaille entre le Canada et la Caraïbe.
www.joscelyngardner.com
EXPOSITIONS PERSONNELLES
2011
Joscelyn Gardner: tending to an « unspeakable past »…
, galerie Adhoc, Vigo, Espagne
2009
Missionary Position
, Snap Gallery, Edmonton, Canada
ENTRETIEN AVEC /
INTERVIEW BY
CARLOS GARRIDO CASTELLANO
JOSCELYN GARDNER
Carlos Garrido Castellano
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Quel rôle joue l’histoire dans votre
travail ? Comment utilisez-vous l’imaginaire des
plantations et de l’esclavage dans votre processus
de création artistique?
JoscelynGardner
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J’utilise des documents, des gravures, et
des objets trouvés dans les collections des musées
ou bien dans les archives comme des sources d’in-
formations pour appréhender la vie au XVIII
e
siècle
dans les plantations caribéennes. En détournant ces
souvenirs, j’offre la possibilité à diverses approches
féminines non reconnues par le canon « officiel »
(masculin) d’exister et ainsi j’expose les traces d’un
passé douloureux qui hante encore aujourd’hui la
scène caribéenne contemporaine.
J’ai conçu
Creole Portraits II
(2007) comme un hom-
mage aux femmes de la plantation
Egypt Estate
en
Jamaïque, citées en marge dans les carnets du
contremaître de la plantation Thomas Thistlewood,
et j’ai réuni des lithographies en noir et blanc inti-
tulées
Portrait heads
où les cheveux tressés à la
mode d’Afrique centrale s’entrelacent avec des
instruments de torture utilisés pendant l’esclavage.
Exposés au sein d’une installation murale aux côtés
d’éléments architecturaux et de textes et imitant une
galerie de gravures dans une maison britannique du
XVIII
e
siècle, ces portraits rendent hommage aux
femmes qui ont vécu et sont mortes dans l’anonymat
dans ces plantations. Ces portraits, conjointement à
une installation vidéo, ont aussi été exposés dans les
pièces de réception d’une grande maison coloniale
en Martinique (2008). En introduisant les voix et les
images des femmes créoles, qui ont été oubliées par
l’histoire, dans des espaces culturels comme ceux-
là, j’ouvre la voie à une autre lecture de l’histoire.
Une autre série de portraits,
Creole Portraits III
(2009-
2010), représente des échantillons de plantes tropi-
cales, secrètement utilisées par les femmes dans le
cadre d’un avortement, apposés aux colliers que les
esclaves accusées d’avoir commis ce crime atroce
étaient forcées de porter. L’installation vidéo qui
l’accompagne
Behind closed doors
intègre les voix
chargées d’émotions de femmes créoles (maîtresses
de maison ou esclaves) révélant leur détresse.
CGC
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Comment votre travail aborde-t-il les probléma-
tiques raciales et identitaires ?
JG
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Mon travail scrute l’identité féminine créole en
partant du point de vue d’une féministe postcolonia-
liste. En mettant au jour le processus qui a progres-
sivement établi que les femmes (blanches) créoles
étaient «différentes» et culturellement inférieures,
je cherche à révéler que contrairement aux idées
reçues et à cause du colonialisme et du patriarcat,
l’ensemble des femmes créoles (libres ou esclaves)
ont eu leur vie façonnée par cette «domination». Une
histoire «partagée» (bien qu’à des degrés différents)
par les femmes créoles noires et blanches est ainsi
mise en lumière.