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Sabrina Dubbeld
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Vous dites : «L’homophonie de certains mots empêche
la perception du sens, seul le regard en permet la compréhension,
il y a du savoir dans le visible»; «La permutation des lettres dans
les mots et leur mise en architecture dans le paysage ouvrent une
autre dimension; «“ouvert” est l’anagramme de “trouver”». Or, vous
exposez un tirage sur toile intitulé
Espère
pour l’exposition
L’Art au
défi de l’espérance
et sur celui-ci, on peut lire l’inscription «EST CE
PERE», pourriez-vousm’en dire plus sur l’origine de ce jeu demot?
Jean Daviot
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C’est la question de Job au Père, à Dieu qu’il invoque :
«Est-ce vous Père?», «Qu’est-ce qui m’arrive?» – la question de
l’existencemême de Dieu : «Êtes-vous là?» Dans l’espérance, il y a
avant tout, pour moi, une question, une adresse. L’interrogation est
plus intéressante que la réponse, l’en-vie, l’attente d’une réponse.
Je souhaitais renvoyer la lumière de la question et de l’espérance au
travers de la couleur bleue, issue d’un vitrail du XIII
e
siècle conservé
à présent au Louvre. Auparavant, il avait dû éclairer l’espérance
des fidèles de son église d’origine pendant presque huit siècles, j’ai
inscrit la question dans son reflet. Le lien au vitrail m’intéresse car
la lumière naturelle y est transformée par la couleur.
SD
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Cette toile est d’un bleu singulier, intense. Le choix de cette
couleur est-il dû à une attirance pour ce vitrail du XIII
e
siècle en
particulier ou pour la couleur même? Elle me fait immédiatement
penser à celle des drapés de la Vierge…
JD
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En fait, c’est un bleu que l’on peut voir dans le ciel «entre chien
et loup », au commencement de la nuit quand le jour disparaît.
Jean
Daviot
Né en 1962 à Digne. Il vit et travaille à Paris et à Digne.
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