Par Renaud Faroux
Centre Pompidou, Paris.
Du 22 mai au 9 septembre 2013.
Simon Hantaï.
Commissariat : Dominique Fourcade, Isabelle Monod-Fontaine et Alfred Pacquement.
Les
incarnations
de
Simon
Hantaï
Meun.
1968, huile sur toile, 121 x 105 cm.
Collection particulière.
Par sa discrétion, son mutisme légendaire et son retrait
du monde après 1982, Simon Hantaï rappelle la pudeur
toute fantomatique du poète Henri Michaux, dont le recueil
La Vie dans les plis
pourrait littéralement servir de titre
à ses toiles. Hantaï, disparu en 2008 à l’âge de 85 ans,
était né à Bia en Hongrie et vivait en France depuis 1949. Il
aimait à dire qu’il produisait « une peinture d’incertitude »
et précisait : « Presque toutes les pièces que j’ai retenues
ont cet aspect : pauvres, mal foutues, blessées, un peu
sales. Je les ai aimées ainsi, presque seul. » La grande
rétrospective du Centre Pompidou va offrir en partage à
tous cette œuvre qui débute dans la turbulence mentale
et gestuelle pour se poursuivre dans un travail axé sur les
motifs du retrait, de la réserve et du silence.
Du surréalisme à l’
Écriture rose
Le parcours de l’artiste est chronologiquement pré-
senté dans l’exposition du Centre. Sa compatriote,
l’artiste Vera Molnar, m’a un jour raconté en sou-
riant : « Aux Beaux-arts de Budapest en 1948, il y
avait deux voix possibles pour nous, moi, j’ai choisi
les mathématiques, Hantaï, lui, était déjà du côté
prophétique ! » Hantaï, un prophète ? Sûrement,
lui qui proclamait : « Il faut dépouiller ses besoins
ostentatoires, voir l’être dans sa nudité (…). En Orient,
partout dans le christianisme ou hors de lui, ou dans
la révolte, ou dans l’athéisme, c’est toujours lamême
EXPOSITIONS
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