Création et Postmémoire. Columbia University, New York.
Du 10 avril au 4 mai 2013.
Organisation et commissariat : Pierre Bayard et Soko Phay-Vakalis.
Entretien avec Marianne Hirsch
et la
Postmémoire
Marianne Hirsch a créé la notion de « postmémoire » pour désigner les traces que les traumatismes laissent sur les
générations suivant celle des victimes. Elle revient ici sur cette forme demémoire indirecte et sur l’importance des images.
Soko Phay-Vakalis et Pierre Bayard
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Pouvez-vous rappeler l’ori-
gine de la notion de «postmémoire» et quelle défi-
nition en donneriez-vous ?
Marianne Hirsch
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La notion de «postmémoire» désigne la
relation que la «génération d’après» entretient avec
le traumatisme personnel, collectif et culturel subi
par ceux qui l’ont précédée, avec des expériences
dont elle ne « se souvient » que par le biais d’his-
toires, d’images et de comportements au milieu
desquels elle a grandi. Mais ces expériences lui ont
été transmises si profondément et avec tant d’émo-
tion qu’elles semblent constituer une mémoire en
tant que telle. Comme je la conçois, la connection
avec le passé que je définis comme postmémoire ne
s’opère pas au travers d’une forme particulière de
remémoration, mais d’un investissement imaginaire,
d’une projection et d’une création. Grandir avec le
poids de souvenirs transmis qui vous submergent,
être dominé par des récits d’événements qui ont
précédé votre naissance ou qui se sont déroulés
avant que l’on puisse en prendre conscience, c’est
prendre le risque d’avoir les récits de sa propre vie
déplacés, ou même évacués, par nos ancêtres. C’est
être formé, bien qu’indirectement, par des fragments
traumatiques d’événements qui continuent à défier la
reconstruction narrative et à excéder la compréhen-
sion. Ces événements se sont produits dans le passé,
mais leurs effets se prolongent dans le présent.
Une des origines de ma réflexion sur ce sujet est
personnelle. En effet, il y a eu un moment, dans les
années 1980, où j’ai commencé àme demander pour-
quoi certaines histoires que mes parents m’avaient
racontées, ou pourquoi certaines scènes qu’ils avaient
évoquées au sujet de ce qu’ils appelaient toujours
« la guerre» étaient plus vivantes dans ma mémoire
que des moments que je me rappelais de ma propre
enfance. Leurs récits avaient la texture et la qualité
demes propres souvenirs, mais ce n’était à l’évidence
Ci-contre : Vann Nath.
Deux Lotus.
2009, gouache et acrylique sur toile, 80 x 120 cm. Collection particulière.
Vann Nath.
Sans titre.
2007-2010, mine graphite sur papier, 27 x 37 cm. Collection particulière.
L’art
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Civilisation
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